COPTES
« Copte » est le même mot qu'« égyptien », réduit à ses trois radicales consonantiques par l'arabe écrit, puis parlé. C'est ainsi que les conquérants arabes désignèrent la population de l'Égypte ; celle-ci était composée dans son immense majorité d'Égyptiens indigènes, mais elle avait en outre absorbé de nombreux descendants des Grecs et des Romains des métropoles, ou des « vétérans » mariés dans le pays, ainsi que le dénonce déjà un rescrit de Tibère.
Pratiquement tous chrétiens au moment de la conquête arabe, les Coptes passèrent progressivement à l'islam sous la pression musulmane. Le terme copte désigna à partir de cette époque ceux qui restaient chrétiens. Ainsi le mot perdant son acception ethnique – qui subsiste pour désigner leur langue (d'ailleurs morte aujourd'hui) – prit, d'une part, une signification ethnico-religieuse, pour désigner la communauté chrétienne indigène ; d'autre part, une signification purement religieuse, appliqué qu'il était au rite observé par cette communauté – par opposition aux autres liturgies chrétiennes – et que lui a emprunté l'Éthiopie chrétienne.
L' art copte recouvre un champ plus vaste. Le christianisme, implanté au nord au iie siècle, n'atteint le sud qu'au début du ive siècle. Il ne sera majoritaire que dans le cours du ve siècle. L'art copte est donc, dans les débuts, celui des Égyptiens indigènes ou assimilés, tant païens que chrétiens. Il n'est communément le fait des chrétiens qu'à partir du vie siècle.
La littérature copte se compose d'œuvres en langue égyptienne, mais de transcription grecque, qui sont le fait des habitants de la vallée du Nil depuis la fin de la période ptolémaïque. Ces écrits sur papyrus et parchemins sont dans leur majorité très fragmentaires. Appartenant d'abord au genre ésotérique, ils deviennent ensuite pour la plupart directement chrétiens. Leur caractère religieux n'est guère affecté par de rares écrits de sujet profane.
L'art copte
L'art copte est celui de la population indigène de l'Égypte sous l'occupation romaine, puis byzantine, réduite peu à peu, après la conquête arabe, à une communauté chrétienne, encore nombreuse et vivante.
L'œuvre copte se manifeste dans les domaines principaux de l'art. En dresser un tableau est une tâche délicate car la période de l'essor de l'art copte, qui se place sous occupation étrangère, entre les deux civilisations pharaonique et musulmane, apparaît comme écrasée entre elles : ses vestiges ont été longtemps négligés, sinon détruits, par les archéologues et la datation de ses monuments en a profondément souffert. Les thèmes sont ceux du répertoire gréco-romain ou byzantin ; ils subissent des déformations stylistiques qui conduisent à se demander si l'art copte constitue l'un des derniers rameaux provinciaux de la basse Antiquité ou s'il manifeste une réelle originalité, s'il s'éteint avec la conquête arabe ou s'il brille plus longtemps. La comparaison avec des monuments contemporains datés et une meilleure connaissance des faits ont permis d'établir un ordre qui apparaît comme l'approche la plus sûre.
La communauté copte
Avant Constantin, l'Égypte était en majorité païenne. Ses habitants, par la conquête romaine en 30 avant J.-C., sont dans leur grande masse soumis à un régime exceptionnel d'impôts très lourds, qui n'épargnent en partie que de petits propriétaires fonciers. Le christianisme se propage au nord, au nord-ouest et au centre. Après plusieurs persécutions, dont celle de Dèce qui pousse au désert et à l'érémitisme un certain nombre de chrétiens, la tolérance relative de Gallien, tout en restituant les lieux de culte (260), favorise une épuration du mouvement[...]
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Écrit par
- Pierre DU BOURGUET : vice-président de la Société française d'égyptologie, conservateur en chef honoraire des Musées nationaux (Louvre), ancien professeur à l'École du Louvre
- Hervé LEGRAND : professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris
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