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GRIFFITH DAVID WARK (1875-1948)

Charlie Chaplin, Mary Pickford et Douglas Fairbanks - crédits : Topical Press Agency/ Moviepix/ Getty Images

Charlie Chaplin, Mary Pickford et Douglas Fairbanks

Plus que tout autre metteur en scène, David Wark Griffith incarne le cinéma muet américain. Réalisateur de plus de quatre cent cinquante films, on lui doit des chefs-d'œuvre dont les noms jalonnent l'histoire du septième art : Naissance d'une nation, Intolérance, Le Lys brisé, La Rue des rêves... À une époque où le cinéma imitait le théâtre, Griffith introduisit les innovations techniques et les recherches plastiques les plus stupéfiantes et fit du cinéma naissant un art authentique. Son influence fut telle qu'Eisenstein put déclarer : « C'est Dieu le Père, il a tout créé, tout inventé. Il n'y a pas un cinéaste au monde qui ne lui doive quelque chose. Le meilleur du cinéma soviétique est sorti d'Intolérance. Quant à moi, je lui dois tout. »

<it>Naissance d'une natio</it>n, D. W. Griffith - crédits : Bettmann/ Getty Images

Naissance d'une nation, D. W. Griffith

Le décor babylonien d'Intolérance, D. W. Griffith - crédits : Republic Pictures/ Courtesy of Getty Images

Le décor babylonien d'Intolérance, D. W. Griffith

À la découverte du cinéma

Né à Crestwood, dans le Kentucky, Griffith a, en 1907, trente-deux ans. Il a tour à tour été critique dramatique, journaliste, acteur, auteur de poèmes. Sa carrière a été principalement tournée vers la littérature et le théâtre. Edwin S. Porter l'engage alors comme acteur de cinéma (Rescued From an Eagle's Nest). L'année suivante, Griffith écrit des scénarios et met en scène son premier film : The Adventures of Dollie (Les Aventures de Dolly, 1908). À la technique statique de l'époque, imposée par l'influence du théâtre, Griffith va opposer un esprit neuf qui crée pour le cinéma au lieu de voir en ce dernier un succédané du théâtre. Il commence par changer la caméra de place au milieu d'une scène (For Love of God), utilise le principe du travelling, améliore l'éclairage (Edgar Allan Poe, 1909). Il crée, par le procédé du montage parallèle (The Lonely Villa, 1909) qu'il portera à sa perfection avec Intolérance (1916), la montée du suspense dans l'action dramatique, annonçant le principe de base de tout le cinéma policier (celui de Hitchcock notamment). Las du cadrage moyen qui donnait aux films une certaine similitude, il introduit dans le découpage des scènes de très vastes plans intégrant toute l'action dans le champ de la caméra. De même, il utilise le gros plan avec une intensité rarement atteinte. Grâce à lui, le cinéma muet sera l'incarnation des bouleversants visages féminins de ses héroïnes : Mary Pickford, Lillian et Dorothy Gish, Carol Dempster, Mae Marsh, Blanche Sweet. Dès 1911, Griffith impose le principe du film en deux bobines. En 1913, ce sera Judith of Berthulia, qui dure quatre bobines, et, en 1915, Naissance d'une nation(The Birth of a Nation) qui en compte douze. À ces innovations purement techniques, Griffith ajoute son intuition de ce que seront les futures découvertes cinématographiques. Gêné par le cadre et le format, il utilise des caches et donne ainsi au plan le format du cinémascope (Les Cœurs du monde, Hearts of the World, 1917), souvent même vertical (Le Lys brisé, Broken Blossoms, 1919). L'emploi de l'ouverture à l'iris (la caméra cadre d'abord un fragment de la scène, puis l'image s'élargit jusqu'à embrasser toute l'étendue du champ) annonce le zoom. Quant à la couleur, elle a rarement été aussi émouvante que dans son utilisation primitive par Griffith (personnages coloriés, scènes teintées).

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Écrit par

  • : historien du cinéma, responsable du département cinéma de France 3

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Médias

Charlie Chaplin, Mary Pickford et Douglas Fairbanks - crédits : Topical Press Agency/ Moviepix/ Getty Images

Charlie Chaplin, Mary Pickford et Douglas Fairbanks

<it>Naissance d'une natio</it>n, D. W. Griffith - crédits : Bettmann/ Getty Images

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