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PRODUCTION, cinéma

La production enveloppe toutes les phases de la fabrication d'une œuvre cinématographique, depuis l'instant où le projet est esquissé jusqu'au moment où commencera la distribution, mais elle exerce sur elles une autorité inégale. De plus, son ascendant varie avec les lieux et les époques.

Si le producteur n'a pas toujours l'initiative du film, il lui appartient du moins d'en faire un projet réalisable. Il en prévoit et en assure d'abord le financement et devient moralement et juridiquement responsable de sa mise en œuvre et de son achèvement. Il soutient donc le développement du scénario, qu'il a choisi ou commandité et qui requiert son approbation avant que les tâches de réalisation ne commencent. Puis il contrôle, inspire ou arrête le choix des comédiens et des collaborateurs artistiques et techniques : décorateur, costumier, directeur de la photo ; lorsque les costumes et les décors auront pris une première forme, celle de dessins ou de maquettes, il dépend de lui, en fonction des devis qu'on lui présente, d'en ordonner ou non l'exécution ; son autorité s'applique de la même manière au choix des lieux de tournage en extérieur et à la détermination du temps qu'y passera l'équipe de réalisation ; il lui revient d'établir un budget prévisionnel, puis, le plan de travail dressé, de calculer les dépenses effectives – et bien souvent, au fil de la réalisation, de faire face à des frais imprévus. Après avoir payé les laboratoires de développement, il mène, avec le montage et l'enregistrement de la musique, l'entreprise à son terme, sous la forme d'une copie zéro, qu'il confie à la distribution, laquelle en tirera les copies d'exploitation.

Les studios de production

Le plus ancien mode de production est lié à des firmes de distribution qui possèdent des studios, comme fit, parmi les premières, la Star Film de Méliès, en 1896. Elles financent les films, les tournent et les montrent. Tel était le cas de la Gaumont en France, de la Lux en Italie, de la U.F.A. en Allemagne ou des compagnies qui dominaient Hollywood : M.G.M., Paramount, Warner Bros, Universal, Fox, etc. Loin de ces géants industriels, des nations plus petites n'étaient pas en reste : si, au Danemark, la Nordisk, fondée en 1906, disparut en 1929, sa rivale suédoise, la Svensk Filmindustri produira les œuvres d'Ingmar Bergman jusqu'en 1969.

Le patron de la production, qu'on nomme aux États-Unis executive producer, confie la mise en œuvre et d'abord la gestion comptable d'un projet à un producteur, dont il se réserve d'apprécier et de contrôler le travail ; ce dernier peut à son tour déléguer une partie de ses prérogatives et parfois l'essentiel de ses tâches à un associé (associate producer). Un imbroglio verbal veut que les fonctions de ce dernier correspondent à celles qui sont en français celle du producteur délégué ou producteur exécutif. Dans ce système, le producteur règne sur tous les domaines de la réalisation et dispose des moyens qu'offre le studio : les techniciens qui en sont les employés, les acteurs qui lui sont liés par contrat, les droits d'adaptation d'œuvres littéraires qu'il a achetés, les locaux, les appareils, les accessoires, les décors, la filmothèque. Cela permet l'exploitation la plus rationnelle des ressources matérielles et humaines, et limite l'usage de l'emprunt à des investissements destinés à financer des équipements durables. Mais, surtout, cela garantit aux cinéastes des moyens incomparables, des équipes animées d'un esprit commun, des habitudes de travail rassurantes.

Inspiré des concentrations industrielles, ce mode de production, courant dès les années 1910, a disparu en Europe, faute de capitaux suffisants et de marchés linguistiques propres, mais principalement[...]

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  • : agrégé de l'Université, rédacteur à la revue Positif

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