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DORAT ou DAURAT JEAN DINEMANDI dit JEAN (1508-1588)

Humaniste et poète français. D'origine limousine, il abandonnera le nom familial de Dinemandi (dîne-matin) pour celui de Dorat (ou en latin auratus, d'où les innombrables jeux de mots sur sa bouche d'or et ses vers dorés). Il fait de solides études à Paris, devient l'un des meilleurs hellénistes de l'époque et l'un des poètes néo-latins les plus appréciés. En 1544, Lazare de Baïf lui confie l'éducation de son fils Jean-Antoine, ainsi que celle de Pierre de Ronsard, son ancien secrétaire qu'il a recueilli. Trois ans plus tard, Baïf meurt et Dorat, devenu professeur, et sans doute principal, au collège de Coqueret, y emmène ses deux élèves, que rejoindra Joachim Du Bellay. Pédagogue et érudit exceptionnel, il donne à ses disciples, par une méthode nouvelle, une maîtrise parfaite du latin et du grec ; connaisseur passionné et interprète chaleureux des textes antiques, poétiques en particulier, il leur fait faire des lectures immenses. Il leur communique son enthousiasme et joue ainsi un rôle décisif non seulement dans la formation de plusieurs des membres de la future Pléiade et dans l'élaboration de leurs premières œuvres (il est en partie à l'origine des odes horaciennes et pindariques de Ronsard), mais aussi dans l'orientation de leur poésie : celle-ci restera marquée par l'hellénisme auquel il les a initiés. Dorat quitte Coqueret pour devenir précepteur de quelques-uns des enfants d'Henri II. Après un passage bref, mais pénible, à la Cour, il devient, en 1556, titulaire de la chaire de grec au Collège royal. Il obtient un immense succès par sa science philologique, son sens critique et la passion avec laquelle il lit et commente les œuvres. Il abandonne sa chaire en 1567 pour se consacrer au préceptorat privé. Dorat figure dans la dernière liste des membres de la Pléiade que Ronsard, selon son biographe, aurait arrêtée avant sa mort et qui a été traditionnellement retenue : dernier hommage au maître vénéré que justifient, sinon l'œuvre qu'il a écrite, du moins celles que, pour une part, il a rendu possibles.

— Édouard GUITTON

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Écrit par

  • : professeur de littérature française à l'université de Rennes-II-Haute-Bretagne

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