LECOMTE MARCEL (1900-1966)
Universitaire, voyageur, essayiste et poète, Marcel Lecomte est un écrivain qui s'est toujours inscrit dans son époque. Son œuvre, d'accès difficile, est moins connue que sa vie.
Lecomte est né en Belgique, près de Bruxelles. Sa mère était institutrice et son père artiste-peintre. À dix-sept ans, il lit Baudelaire, Rimbaud, Henri de Régnier. Il accompagne son père dans de longues promenades qui servent au peintre à emmagasiner des observations dont il se servira pour ses toiles. Lecomte racontera ces promenades dans Phases d'un souvenir déterminant, recueilli dans Le Carnet et les instants (1964), son dernier livre. C'est un « action-poème » dont le père est le personnage central et où les promenades prennent l'aspect d'une initiation. En 1918, il rencontre Clément Pansaers, un écrivain flamand, qui l'initie à la philosophie du Dao. Il lui révèle également le dadaïsme qui le marque profondément. Marcel Lecomte s'inscrit à cette époque à l'université de Bruxelles. En 1922, il publie Démonstrations, son premier recueil de poèmes.
L'itinéraire de Marcel Lecomte est inséparable de l'histoire du surréalisme belge. Il participe à la création de la revue Correspondance. Il rencontre le peintre belge Magritte. Il collabore encore à Distances, puis à Phantomas, et à bien d'autres revues surréalistes ou post-surréalistes. Son œuvre d'essayiste, qui s'étend sur quarante années et qui traite de sujets aussi divers que l'art oriental ou occidental, la littérature, l'occultisme, les secrets de la magie africaine, est considérable. Elle n'a jamais été réunie dans son ensemble, et gît, encore aujourd'hui, éparpillée dans les pages de dizaines de revues.
Lecomte est essentiellement un « poète en prose », ainsi qu'en témoigne Lucide (1939). En 1925, dans Applications, l'influence symboliste est encore perceptible. Mais c'est dans sa critique littéraire, dans ses essais, dans sa vie même que Lecomte fait passer sa poésie. Ses textes poétiques purs sont, en fin de compte, peu nombreux. En 1936, alors qu'il est devenu professeur dans un lycée belge depuis deux ans, il publie Les Minutes insolites. C'est, à travers plusieurs récits, une recherche des faits qui échappent à la nécessité pour « toucher au plan délicat des coïncidences ». L'humour dont font preuve ces courts récits désoriente le lecteur, ce qui, selon les préceptes de la méthode zen, est la condition d'une réorientation. Détruire pour reconstruire, on n'est pas loin du surréalisme ni de Dada. Avec L'Accent du secret (1944), un autre recueil de récits, plus n'est besoin de coïncidences ou d'étrangetés, le quotidien suffit à ménager les surprises. En 1930, avec les nouvelles de L'Homme au complet gris clair, Lecomte avait traité un autre thème, cher aux surréalistes : celui des rencontres. (Que l'on songe à la rencontre d'André Breton et de Nadja.) Jeu de miroirs, personnages et leurs doubles, les thèmes gnostiques et l'occultisme qui passionnent Lecomte ne sont pas loin.
En 1959, Lecomte travaille aux musées royaux des Beaux-Arts à Bruxelles. Il y découvre la stabilité et le travail rémunérateur dont il a besoin. Il trouve le temps de travailler à un manuscrit inédit : Sur le passé de l'art. Il est titulaire jusqu'à sa mort de la chronique littéraire de la revue Synthèses. Il séjourne en Avignon et compose une Étude de la société des illuminés. Il meurt à Bruxelles, au moment ou s'achève la première exposition rétrospective des toiles de son père.
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Écrit par
- Marc BLOCH : auteur
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