MARGUERITTE PAUL (1860-1918)
Écrivain français. Fils d'un général tombé à Sedan en 1870, Paul Margueritte suit des études secondaires au Prytanée militaire de La Flèche, mais il renonce à la carrière militaire et travaille dans l'administration publique. Influencé par l'école naturaliste Paul Margueritte prétend, dans Mon Père (1884), donner une dimension sociale à son témoignage filial. Après La Confession posthume (1886) et Pascal Géfosse (1887), il rompt avec Zola, dont il était d'ailleurs moins proche que des Goncourt, et il signe le Manifeste des Cinq qui, à la suite de la publication du roman de Zola La Terre, clôt son expérience naturaliste. Jours d'épreuve (1889) et La Force des choses (1891) le rapprochent d'une certaine observation psychologique qui n'est pas sans rappeler le roman russe. Il substitue en effet à sa première rigueur dans les descriptions sociales l'analyse précise des drames individuels, vus de l'intérieur, qui eux aussi reflètent, dans une perspective différente, la dimension de l'histoire. La Tourmente (1893) est certainement le meilleur roman de cette période. De 1896 à 1908, il collabore avec son frère Victor ; ils entament ensemble un vaste roman sur la guerre de 1870, Une époque (1898-1904), en quatre parties (Le Désastre, Les Tronçons du glaive, Les Braves Gens, La Commune). L'idée d'une réplique au livre de Zola, La Débâcle, n'était certainement pas absente de leur projet. S'ils ne nient pas les souffrances de cette période, ils exaltent l'espoir et le sentiment national qui, selon eux, animaient tous les combattants. Opposant les individus aux foules, la foi des hommes à la conviction des groupes, ils dressent un tableau complet des débats passionnés que provoquaient encore la défaite et la Commune à la fin du siècle. Ensemble, ils écrivent encore Poum (1897) et Zette (1903), qui sont des livres pour enfants. Après 1908, Paul Margueritte publie L'Embusqué (1916) et Jouir (1918), mais le pathétique ne reçoit plus le même accueil qu'au moment de ses premières publications. Son humanisme triste et un peu désabusé ne correspond déjà plus à l'agitation sociale et morale de ces années de guerre.
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Écrit par
- Antoine COMPAGNON : docteur ès lettres, professeur à l'université Columbia, États-Unis
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Autres références
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MARGUERITTE VICTOR (1866-1942)
- Écrit par Antoine COMPAGNON
- 298 mots
Frère de Paul Margueritte, Victor Margueritte entreprend d'abord une carrière militaire. En 1886, il s'engage dans les spahis et deviendra lieutenant de dragons avant de démissionner de l'armée en 1896. Il collabore pendant plus de dix ans avec son frère ; mais, dans le même temps, il écrit quelques...