MŪSĀ IBN NUṢAYR (640-716/17)
Général umayyade qui s'illustre dans la conquête du Maroc et de l'Espagne. D'abord haut fonctionnaire en Orient, Mūsā ibn Nuṣayr est nommé gouverneur de l'Ifrīqiyya (Tunisie actuelle) aux environs de 698. Il organise alors plusieurs campagnes et, aidé de ses fils, soumet les Berbères du Maroc. Il a l'habileté de pratiquer une large politique d'assimilation, faisant entrer des Berbères dans l'armée et leur confiant des postes de commandement. Jugeant son pouvoir bien établi au Maroc, il regagne Qayrawān (Kairouan), capitale de l'Ifrīqiyya. C'est de cette ville qu'à l'instigation de l'exarque byzantin de Ceuta il lance en 710 un premier raid contre l'Espagne, sous le commandement d'Abū Zur‘a Tarīf, puis, une expédition, l'année suivante, sous le commandement de Ṭāriq b. Ziyād. L'armée de Ṭāriq ne compte que 7 000 hommes. Surpris et irrité par les succès foudroyants de Ṭāriq, Mūsā concentre une armée de 18 000 hommes, passe à son tour en Espagne (712) et fait la conquête des villes que Ṭāriq avait habilement contournées au cours de sa campagne éclair : il prend Séville, Mérida où il s'empare d'un énorme butin (713) et Saragosse (714). Il est alors rappelé à Damas par le calife al-Walīd. Soucieux de consolider sa conquête et fort peu pressé d'aller rendre des comptes, il guerroie quelques mois encore dans le nord de la Péninsule, puis rentre lentement par l'Afrique du Nord, rapportant de nombreuses richesses. Il espère se concilier le calife par ses présents, mais en vain : il est disgracié dès la première entrevue et condamné à payer une énorme amende. Peu après, al-Walīd meurt (715). Mais son frère et successeur Sulaymān maintient la sentence, furieux qu'il est d'avoir été frustré de toutes ces richesses, qu'il aurait pu s'approprier si Mūsā avait, comme il le lui suggérait, attendu la mort d'al-Walīd pour entrer à Damas. Mūsā ne tarde pas à mourir.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Georges BOHAS : docteur ès lettres, directeur de l'Institut français d'études arabes de Damas
Classification
Autres références
-
ANDALOUSIE
- Écrit par Michel DRAIN , Marcel DURLIAT et Philippe WOLFF
- 10 381 mots
- 17 médias
L'Afrique du Nord à peine conquise, son gouverneur Mūsā eut l'idée de détourner vers l'extérieur les forces vives de ces Berbères qui lui avaient opposé une si farouche résistance. En 711 (année 92 de l'hégire), il envoya, sous le commandement de Ṭāriq, 7 000 Berbères conquérir l'Espagne... -
CORDOUE
- Écrit par Roland COURTOT et Henri TERRASSE
- 1 902 mots
- 3 médias
...apogée : en 711, les armées de l'Islam réalisaient la conquête de la péninsule Ibérique, sauf dans ses confins nord-ouest, et bientôt effectuaient des raids en Gaule. Cordoue fut prise par une colonne musulmane après un siège de trois mois, tandis que Tarik etMousa soumettaient le reste du pays. -
ESPAGNE MUSULMANE
- Écrit par Pascal BURESI
- 182 mots
- 1 média
En 711, le gouverneur omeyyade de Kairouan, Mūsā ibn Nusayr, envoie dans la péninsule Ibérique une troupe de sept mille Berbères dirigée par Tāriq ibn Ziyād. Les chroniques arabes racontent que Julien, un comte wisigoth fâché contre le roi Rodéric, les y aurait invités. Tariq, qui a laissé...
-
ṬĀRIQ IBN ZIYĀD (VIIIe s.)
- Écrit par Georges BOHAS
- 321 mots
Affranchi du général umayyade Mūsā ibn Nuṣayr, Ṭāriq ibn Ziyād conduit en 711 la première grande expédition musulmane en Espagne. Il est probablement d'origine berbère (certaines sources lui attribuent pourtant une ascendance persane). De nombreux récits légendaires entourent les motifs et le but...