RIF
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Le Rif est une région montagneuse du nord du Maroc, bordée par la mer Méditerranée et s’étendant sur 500 kilomètres d’ouest en est, de Tanger à Oujda, de l’océan Atlantique à la frontière algérienne. À ses deux extrémités septentrionales, les villes de Ceuta (à l’ouest) et de Melilla (à l’est) sont des enclaves espagnoles, où les tensions migratoires et la contrebande sont prégnantes. Au sud, les plaines fertiles butent sur les contreforts du Moyen Atlas. D’un point de vue administratif, le Rif s’étale sur trois régions : l’Oriental, Tanger-Tetouan-Al Hoceïma et Fès-Meknès.
Loin d’être homogène, le Rif est composé de trois entités morphologiques, correspondant chacune à une logique territoriale. Le Rif occidental est un espace barrière articulé autour de Tanger et de Tétouan. Cette région est fortement intégrée à la mondialisation mais de manière inégale : d’un côté, les zones rurales montagneuses de l’arrière-pays sont marquées par la pauvreté des populations, de l’autre, les plaines littorales ont été brusquement insérées dans la mondialisation à partir des années 2000 avec le développement du port polyfonctionnel de Tanger-Med.
S’étendant entre Al Hoceïma et Taounate, le Rif central, quant à lui, est le domaine des hautes montagnes, dont le point culminant est l’Adrar Tidighin (2 456 mètres d’altitude). C’est la première zone au monde de production de cannabis – désormais légale au Maroc sous certaines conditions –, en particulier autour de Ketama. Cet espace s’est également développé grâce aux transferts d’argent liés à l’émigration de travail d’une partie de la jeunesse marocaine. Celle-ci se dirige vers les plaines littorales du pays, en particulier dans le secteur du tourisme (Tanger, Rabat, Casablanca, Marrakech), mais aussi vers la rive nord de la Méditerranée. Ces mobilités se sont accélérées dans les années 1970 avec la mise en place d’une migration saisonnière de la main-d’œuvre marocaine, notamment vers les zones de productions agricoles européennes (Italie, Espagne, France).
Enfin, le paysage du Rif oriental est caractérisé par de grandes plaines irriguées et pourvues en ressources hydriques souterraines. L’activité agricole y est particulièrement développée, notamment autour des cultures intensives destinées à l’exportation comme les agrumes, les oliviers et les légumes.
Dans le paysage politique marocain, le Rif est historiquement un espace de dissidence et de résistance des populations amazighes berbérophones. Durant la colonisation, la région était dans la zone espagnole du protectorat, auquel les Rifains se sont opposés vivement, en particulier lors de la bataille d’Anoual (juillet 1921), qui s’est soldée par une défaite espagnole. Durant la guerre du Rif, entre 1921 et 1926, Abd el-Krim a mené la révolte armée contre les Espagnols. L’alliance de ces derniers avec l’armée française s’est soldée par la reddition des Rifains. Après l’indépendance du Maroc, le Rif reste un territoire rebelle vis-à-vis du nouveau pouvoir royal. Dès 1958, un mouvement de contestation émerge en réaction à la crise économique que connaît la région. Alors que la guerre d’Algérie (1954-1962) prive les travailleurs des ressources de l’émigration, le Rif demeure sous-développé par rapport au reste du territoire marocain. De plus, l’État ignore les spécificités culturelles et linguistiques des populations amazighes qu’il écarte du pouvoir, entraînant la révolte du Rif en 1958. La monarchie perpétue la marginalisation économique et sociale de la région, non sans conséquence : en 2016, un nouveau mouvement contestataire populaire prend naissance dans le Rif, le Hirak, fortement réprimé par les autorités royales. Cependant, encore aujourd’hui, le Rif reste une des régions les plus pauvres du Maroc.
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Écrit par
- Anne-Adélaïde LASCAUX : docteure en géographie, attachée temporaire d'enseignement et de recherche, université Gustave Eiffel, Champs-sur-Marne
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