Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

WANG JINGWEI[WANG TSING-WEI](1884-1944)

Une grande misère et une situation d'orphelin assombrissent les jeunes années de Wang Jingwei (dont le véritable nom est Wang Zhaoming) qui parvient malgré tout à recevoir une formation classique puis à enseigner tout en aidant ses cadets. Né à Canton et instruit par son père suivant les règles de l'enseignement chinois traditionnel, Wang Jingwei passe son enfance dans une famille pauvre ; étudiant et donnant des cours pendant son adolescence pour subvenir aux besoins des siens, il obtient néanmoins en 1903 une bourse du gouvernement et part étudier la sociologie et les sciences politiques au Japon ; là, il rencontre Hu Hanmin, futur leader du Guomindang (GMD), et Sun Yat-sen qu'il rejoint dans son organisation nationaliste antimandchoue, Tongmenghui.

À vingt-deux ans, Wang Jingwei est déjà un journaliste de talent et diffuse les préceptes de Sun Yat-sen dans le journal républicain Min bao ; il entame de brillantes polémiques avec ses adversaires réformistes Kang Youwei et Liang Qichao, lesquels préconisent pour la Chine une monarchie constitutionnelle. Bientôt, il collecte des fonds pour la cause nationaliste et se montre impressionné par les courants anarchistes de la révolution russe de 1905. Mais le mouvement républicain chinois est affecté par des arrestations, des crises internes et par la contestation dont Sun Yat-sen est l'objet (Zhang Binglin). Sun Yat-sen doit quitter en 1907 le Japon et se fait accompagner de Jingwei, qui, avec lui, se rend près d'autres communautés chinoises vivant hors de Chine pour chercher un appui moral et financier. Wang revient à Tōkyō, puis rentre en Chine. Il décide alors de recourir à l'attentat politique pour déclencher la révolution nationaliste : à Pékin, il pose une bombe sur le passage du prince régent Cai Feng, mais échoue ; il est arrêté en avril 1910. Son procès est pour lui l'occasion de formuler un manifeste courageux qui impressionne ses juges et n'entraîne qu'un emprisonnement à vie, illustration évidente de la faiblesse de la monarchie Qing. Quand la République le libère, Wang Jingwei est un héros national de vingt-huit ans ; toutefois, il est resté détaché des affaires politiques, se consacre à des problèmes d'aide aux étudiants en Europe, à des voyages et à la poésie. Il épouse Chen Bijun, fille de riches Chinois exilés, voyage en Europe et notamment à Paris. En 1917, Wang Jingwei rejoint Sun Yat-sen en Chine et devient son collaborateur intime. En 1919, le Mouvement du 4 mai va donner au GMD un rôle d'unification nationale que Yat-sen considère prioritaire, mais les seigneurs de la guerre (Zhang Zuolin, Feng Yuxiang) refusent l'ingérence du GMD dans leurs fiefs.

La mort du « père de la République chinoise » (janv. 1925) laisse l'autorité vacante. Wang Jingwei, son intime compagnon depuis vingt ans, semble être le mieux placé pour lui succéder, d'autant que, parmi les deux autres candidats du GMD, Liao Zhongkai a été assassiné par Hu Hanmin et que ce dernier, le second en lice, démissionne quand son implication dans le meurtre devient évidente. Wang Jingwei, seul leader autorisé du GMD, souhaite une alliance avec les communistes et représente l'aile gauche du parti. Cependant, l'outsider est Tchiang Kai-chek, jeune, sans autorité, mais qui contrôle l'armée. Cette position se révèle décisive car, le 20 mars 1926, Tchiang Kai-chek fait arrêter les communistes et fait entériner par le comité exécutif du GMD que « eu égard à la situation présente, les camarades de la gauche doivent temporairement se retirer ». Wang Jingwei démissionne et part en France. Avec des retournements qui témoignent de l'antipathie mutuelle des partenaires, l'alliance ambiguë entre le GMD et les communistes dure pourtant de 1923 à 1927 ; mais on en arrive à une scission entre aile droite du GMD centrée à [...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Média

Tchiang Kai-chek et Wang Jingwei - crédits : Topical Press Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

Tchiang Kai-chek et Wang Jingwei

Autres références

  • CHINE - Histoire jusqu'en 1949

    • Écrit par et
    • 44 594 mots
    • 50 médias
    ...intégrée étroitement à la « sphère de coprospérité extrême-orientale ». Un gouvernement de « collaboration » s'est constitué à Nankin sous la direction de Wang Jingwei, vétéran nationaliste rallié au panasiatisme ; ses troupes nombreuses, recrutées parmi les chômeurs ou les paysans misérables, aident l'armée...
  • JAPON (Le territoire et les hommes) - Histoire

    • Écrit par , , , et
    • 44 405 mots
    • 52 médias
    Néanmoins, un appui fut trouvé en Chine : Wang Jingwei fondait à Nankin un gouvernement projaponais, en mars 1940. Konoe reprit alors son activité politique : il obtint la dissolution de tous les partis, revint au pouvoir en juillet et, en octobre, devint président de la Taisei Yokusankai (Association...