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ROSSETTI BIAGIO (1447 env.-1516)

Bolonais d'origine, Biagio Rossetti travaille essentiellement à Ferrare, au service de la famille d'Este. De 1466 à 1493, il édifie pour le duc Borso le palais Schifanoia, spécialement conçu pour servir aux fêtes et aux réceptions ; l'élément essentiel de cette construction est la salle des Mois, décorée de fresques où se mêlent symbolisme astrologique et allusions politiques ; les proportions de la salle et son système d'éclairage dissymétrique (quatre fenêtres en façade et trois sur la cour) ont visiblement été calculés en fonction de ce décor peint. En 1491-1492, le duc Hercule Ier lui confie une entreprise beaucoup plus considérable : le plan d'urbanisme de l'adizzione Ercolea, c'est-à-dire d'un nouveau quartier de Ferrare, établi au nord-est de la cité médiévale et qui pratiquement doublait la superficie de la ville. Rossetti réalise avec beaucoup d'habileté cette opération foncière dont le but est à la fois politique et économique ; il organise un réseau routier rationnel autour de la croisée de deux axes principaux et d'une vaste place (actuelle piazza Ariostea) tout en assurant une liaison organique entre les deux parties de la ville. Quelques monuments insignes jalonnent cet ensemble et, notamment au carrefour principal, quatre palais dont le palais des Diamants. Celui-ci doit son nom et sa célébrité à son décor de bossage, inspiré peut-être de celui du palais Sanseverino à Naples (1470), mais qui est à son tour imité, notamment en Europe centrale et jusqu'en Russie. D'autres édifices de Ferrare (San Francesco, chartreuse de San Cristoforo, Santa Maria in Vado, palais dit de Renée de France) portent aussi la marque du style de Rossetti ; mais c'est surtout son œuvre d'urbaniste qui retient aujourd'hui l'attention. Comme l'a montré Bruno Zevi, dans un livre magistral publié en 1971, Saper vedere l'urbanistica. Ferrara di Biagio Rossetti, la prima città moderna europea, Biagio Rossetti, au lieu de créer dans une zone privilégiée, comme l'ont fait tant d'architectes de son époque, un prestigieux décor architectural, s'est efforcé au contraire de fournir l'infrastructure logique d'un développement urbain continu et équilibré. En assumant toutes les conquêtes de l'urbanisme médiéval, Rossetti a ouvert la voie aux notions les plus modernes de plan directeur et d'aménagement du territoire.

— Jean-René GABORIT

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Écrit par

  • : conservateur général chargé du département des Sculptures, musée du Louvre

Classification

Autres références

  • ÉMILIE

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    • 2 403 mots
    • 2 médias
    ...les jardins clos des héros de Giorgio Bassani. Au nord de la ville, l'« Addizione Erculea » que fit construire Hercule Ier d'Este sur les plans de Biagio Rossetti (1471-1515), avec ses palais (palais des Diamants, palais de Ludovic le More) et ses « vie piane, grandi come fiumane » (« rues droites,...
  • URBANISME - Urbanisme et architecture

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    • 3 311 mots
    • 1 média
    ...toutefois quelques exceptions. La plus importante est Ferrare, définie par Jacob Burckhardt comme « la première ville européenne moderne ». Son auteur, Biagio Rossetti, utilise les paroles de la Renaissance pour développer un discours urbain organique : rues droites, angles doits, mais blocs de construction...