GHASSEMLOU ABDUL RAHMAN (1930-1989)
Né le 22 décembre 1930 à Urmiya, d'un père kurde, riche propriétaire terrien, et d'une mère assyrienne, Abdul Rahman Ghassemlou milite dès l'âge de quatorze ans dans les mouvements de jeunesse du parti Tudeh d'Iran, avant de rejoindre l'Union de la jeunesse démocrate du Kurdistan qui sera créée en 1946. En 1948, il quitte l'Iran pour étudier en Europe. Il séjourne quelques mois à Paris puis, ayant reçu une bourse du gouvernement tchécoslovaque, il s'établit à Prague. Il épouse en 1952 une étudiante tchèque et obtient, la même année, une licence de sciences sociales et politiques.
Rentré en Iran, un an avant le coup d'État de 1953 qui entraînera la chute du gouvernement du docteur Mossadegh, il reprend ses activités militantes au Kurdistan, en relation avec le Tudeh et le Parti démocratique du Kurdistan (P.D.K.I.) Ce dernier avait été créé quelques mois avant la fondation de la république kurde de Mahabad (22 janv.-18 déc. 1946) mais, depuis l'effondrement de cette république, il ne disposait plus d'organes dirigeants.
Après le renversement de la monarchie irakienne en 1958, Ghassemlou est invité en Irak par Mustafa Barzani, chef historique des Kurdes irakiens, rentré triomphalement d'U.R.S.S. Il attendra un an à Bagdad l'autorisation de se rendre au Kurdistan, pour être finalement expulsé en mars 1960, les relations entre le nouveau régime et les Kurdes s'étant, entre-temps, envenimées. Il regagne Prague et enseigne à l'université.
En 1968, il vit le Printemps de Prague, qu'il approuve. De cette période datent sa rupture avec le Tudeh et son éloignement de l'idéologie communiste. Le cessez-le-feu de mars 1970 entre Mustafa Barzani et Bagdad lui donne l'occasion de mettre ses talents d'économiste au service du Kurdistan d'Irak en dirigeant un département au ministère du Plan irakien.
Pendant cette période, il participe activement à la IIIe conférence du P.D.K.I. tenue au Kurdistan (1971). Il en deviendra le secrétaire général en 1973, lors du IIIe congrès. Sous son impulsion, le P.D.K.I., qui était devenu, en pratique, un simple réseau de soutien au P.D.K. d'Irak de Mustafa Barzani (soutenu par le chah d'Iran), depuis l'arrestation de ses dirigeants progressistes en 1958-1959, connaîtra un nouvel essor.
Avec la reprise des combats au Kurdistan irakien en mars 1974, il revient à Prague et, en février 1976, il s'installe à Paris où il enseignera la langue et la civilisation kurdes à l'Inalco. Au moment de la chute du chah, il se trouve en Iran, où les organisations autonomistes, notamment le P.D.K.I., principal parti kurde iranien, contrôlent l'ensemble du Kurdistan. Il est élu à l'Assemblée constituante le 3 août 1979 mais, condamné à mort par l'ayatollah Khomeyni qui refuse le concept d'autonomie (pour lui contraire à l'islam), il ne peut participer à ses travaux.
Par sa culture – il parlait parfaitement sept langues –, son humour, et surtout sa lucidité qui tranchait avec la langue de bois de beaucoup d'autres dirigeants kurdes, le docteur Ghassemlou séduisait. Mais, au Kurdistan, il ne comptait pas que des amis. S'il était vénéré par les combattants du P.D.K.I., il était contesté par de proches collaborateurs qui lui reprochaient sa volonté d'hégémonie sur les organisations rivales, notamment le Komala, auquel il s'opposait violemment. Au VIIIe congrès du P.D.K.I., tenu en janvier 1988, il fut de nouveau élu secrétaire général mais quinze membres du comité central firent scission pour fonder le P.D.K.I.-Direction révolutionnaire.
Fier d'être kurde et iranien, Ghassemlou n'a jamais revendiqué l'indépendance du Kurdistan, mais il a lutté toute sa vie pour l'autonomie et la démocratie et s'est toujours déclaré disposé à négocier avec [...]
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Écrit par
- Christiane MORE : écrivain, journaliste
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