ACCUMULATIONS (géologie) Accumulations continentales
Accumulation glaciaire et fluvio-glaciaire
L' accumulation par les glaciers résulte non seulement de leur rôle en tant qu'organismes de transport, mais encore de l'intervention des volumes considérables d'eaux de fusion qu'ils fournissent saisonnièrement. Il existe donc une accumulation glaciaire et fluvio-glaciaire. L'une et l'autre capitalisent les matériaux fournis par l'ablation due aux écoulements glaciaire et fluviatile et, surtout, à l'active gélifraction (cryoclastie) qui s'exerce sur les versants des vallées montagnardes englacées, ou sur ceux des nunataks qui émergent des inlandsis.
D'une façon générale, le passage de l'accumulation glaciaire à l'accumulation fluvio-glaciaire s'effectue par dépérissement de la dynamique des glaciers au profit de celle des eaux de fusion. Cette transformation progressive se traduit par des changements significatifs dans les caractéristiques morphologiques et sédimentologiques des formes construites, et par leur agencement systématique dans l'espace.
Certes, des formes d'accumulation glaciaires et fluvio-glaciaires s'édifient actuellement dans les régions englacées. Mais leur intérêt géomorphologique résulte aussi de leur vaste extension à l'état d'héritages des glaciations quaternaires. Actuelles ou héritées, ces formes concernent essentiellement les hautes montagnes et les hautes latitudes de l'hémisphère Nord. Elles y ont été très étudiées, en particulier dans les chaînes alpines et leurs piémonts, et dans les grandes plaines septentrionales de l'Europe et du continent nord-américain.
Accumulation dans le lit glaciaire
Après le désenglacement, on observe, dans les lits glaciaires, des témoignages d'ablation et d'accumulation. Les formes construites dominent, notamment dans le cas des inlandsis. Elles résultent surtout du délestage de la moraine de fond au cours de la récession. Mais les modalités de la mise en place de cette moraine restent mal connues dans le détail, en raison du manque d'informations sur la dynamique de la glace de l'inlandsis, comme sur ses rapports avec le relief antérieur à l'englacement. De toute façon, il s'agit d'une accumulation essentiellement glaciaire. Elle concerne des matériaux peu façonnés, mal triés et non structurés.
Ces moraines de fond déterminent des régions de collines, dominant d'une vingtaine de mètres au plus des dépressions fermées qu'occupent des lacs ou des marécages. Ces dépressions résultent souvent du développement d'un cryokarst lié à la fusion de masses de glace morte, abandonnées, puis fossilisées sous les matériaux morainiques, lors du retrait du glacier. Ce paysage chaotique est typique des régions des Grands Lacs nord-américains, de la Masurie polonaise et du plateau du Valdaï en Biélorussie. L'accumulation morainique s'y localise principalement en aval des secteurs d'intense ablation et à proximité de la marge glaciaire.
Les champs de drumlins représentent un type de moraine de fond mieux caractérisé du point de vue géomorphologique. Ils constituent des essaims de collines elliptiques, au profil longitudinal aérodynamique, allongées selon la direction de l'écoulement de la glace (fig. 7). Il s'agit, en réalité, de formes en partie construites, car la moraine ne fait qu'enrober, vers l'aval, un noyau rocheux qui peut être un dépôt antérieur induré. Localisés dans des régions planes ou légèrement déprimées, en situation sub-marginale, les drumlins semblent correspondre à des formes de stabilité ou de progression de la glace. Les mieux connus sont ceux d'Irlande et des régions laurentiennes. On en trouve aussi en France, dans les Dombes, où ils sont un héritage des glaciers de piémont alpins.
Accumulation marginale
Dans la marge glaciaire,[...]
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Écrit par
- Roger COQUE : professeur des Universités, professeur émérite à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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