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IOLAS ALEXANDRE (1908-1987)

D'origine grecque, Alexandre Iolas est né en Égypte en 1908. C'est la danse qui le requiert en premier lieu : il fera partie des ballets du marquis de Cuevas jusqu'au moment où un malencontreux accident interrompit sa carrière chorégraphique. La peinture prend alors le relais : comme cela avait été le cas pour André Breton, la rencontre d'un tableau de Giorgio de Chirico bouleverse sa vie. En 1945, il ouvre à New York sa première galerie. En 1964, il s'installera à Paris, au 196 boulevard Saint-Germain dont il fera un des hauts lieux culturels de la capitale, créant aussi des succursales à Genève, à Zurich, à Milan, à Athènes. Il défend les surréalistes ou du moins quatre d'entre eux : Brauner, Max Ernst, Magritte et Matta, mais aussi des valeurs nouvelles, liées au pop art comme Warhol ou au nouveau réalisme comme Niki de Saint-Phalle, Tinguely, Martial Raysse. Enfin, il fournit un gros effort en faveur de ceux de ses compatriotes qu'il juge les plus audacieux ou les plus talentueux : Takis, Kounellis, Costas Tsoclis. Comme marchand, il ne se contente pas de veiller aux intérêts et à la gloire de ses poulains, il se montre capable d'initiatives de grande conséquence. Ainsi lorsqu'il suggère à Magritte de créer une série de sculptures qui constitueront le testament du peintre. Sûr de lui, provoquant, agressif au besoin, cet homme de petite taille, plastronnant volontiers, a le goût du faste, il aime éblouir et choquer, quand ce ne serait que par ses mœurs héritées de la Grèce antique. Ce sera son talon d'Achille : en 1984, un de ses amis, congédié, l'accusera d'avoir fait passer à l'étranger de rarissimes pièces de l'archéologie grecque.

On le soupçonnera aussi d'avoir été mêlé au commerce de faux Chirico. Et, d'un seul coup, la Grèce, qui la veille encore portait aux nues ce personnage hors série (lequel s'apprêtait à lui léguer sa fastueuse demeure d'Haghia Paraskevi, dans les faubourgs d'Athènes, qui abritait 2 500 pièces uniques, de la plus haute antiquité à Andy Warhol), le cloue au pilori. La presse de son pays se déchaîne contre lui, déterre ou invente des orgies, des bacchanales. La santé d'Alexandre Iolas se dégrade subitement et ses trois dernières années auront pour théâtre, alternativement, les salles d'opération et celles des tribunaux. La mort aura le dernier mot, à New York, le 11 juin 1987.

— José PIERRE

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., docteur ès lettres

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