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FOLDES ANDOR (1913-1992)

Pianiste hongrois qui a marqué l'interprétation des œuvres de Beethoven et de Bartók, Foldes était l'un des représentants les plus éminents d'une école disloquée au milieu du xxe siècle à la suite des événements politiques après avoir engendré des personnalités comme Annie Fischer, György Cziffra, Géza Anda ou Tamás Vásáry.

De son vrai nom Andor Foldës, il naît à Budapest le 21 décembre 1913 et commence à étudier le piano avec sa mère, elle-même pianiste. Puis il travaille avec Tibor Szatmari et donne son premier concert à l'âge de huit ans en interprétant le Concerto pour piano K 450 de Mozart. L'année suivante, il entre à l'académie Franz-Liszt de Budapest, où il est l'élève d'Ernst von Donhányi, lui-même disciple du grand Eugène D'Albert. Il travaille également la composition avec Leo Weiner et la direction d'orchestre avec Ernst Unger. Il se lie alors d'amitié avec Béla Bartók, dont il deviendra l'un des interprètes les plus fidèles. Il donne son premier concert à Vienne en 1929, et reçoit le prix Franz-Liszt en 1933. Un an plus tard, il commence une carrière qu'il interrompt très vite pour étudier la philosophie et les langues. Il refuse en fait l'aspect trop virtuose de son approche pianistique et éprouve le besoin de mûrir sa démarche d'interprète. Sa carrière ne reprend vraiment qu'en 1939, lorsqu'il joue le Concerto pour piano no 2 de Beethoven sous la direction d'Erich Kleiber. Un an plus tard, il fait ses débuts aux États-Unis avec l'orchestre symphonique de la N.B.C., à New York. Il se fixe dans ce pays et obtient la nationalité américaine en 1948. C'est l'époque des retours en Europe, où il effectue plusieurs tournées ; on voit déjà se dessiner les deux grands axes de son répertoire : Beethoven et les deux grands maîtres hongrois, Bartók et Kodály. Il joue au Japon, en Amérique du Sud, en Australie, mais s'impose surtout en Allemagne et aux États-Unis. Entre 1958 et 1965, il est professeur à la Musikhochschule de Sarrebruck, au poste qu'occupait auparavant Walter Gieseking. Il se fixe alors à Herrliberg, près de Zurich, et poursuit une carrière internationale, donnant une soixantaine de concerts par an. Il y meurt le 9 février 1992.

Foldes constitue l'exemple parfait de l'interprète en perpétuelle évolution : son répertoire se concentre d'abord sur les classiques viennois (Haydn, Mozart, le jeune Schubert), qu'il joue avec une spontanéité jaillissante, pour parvenir à des pages plus denses, évolution qui se retrouve dans la musique de Beethoven, dont il n'aborde les dernières œuvres que relativement tard. Seule l'ensemble de la production de Bartók reste omniprésente, car il a vécu le cheminement du compositeur à ses côtés. Doté d'un talent encyclopédique, il a enregistré l'intégrale de la musique pour piano seul de Mozart, Beethoven, Schumann et Bartók (grand prix du disque en 1957). En 1959, il a joué à Sydney vingt-deux concertos différents en deux semaines seulement ! Au point de vue stylistique, Foldes est toujours resté un architecte du piano, alliant une rythmique puissante à un sens délicat de la transparence. Il a composé quelques œuvres (Petite Suite pour cordes, Prélude pour piano) et transcrit pour piano trois pièces de l'opéra de Kodály Hary János. Avec sa femme Lili Foldes, il a écrit un livre de souvenirs, Two on a Continent (New York, 1947). On lui doit aussi un manuel de piano, Keys on the Keyboard (New York, 1948, traduit en treize langues) et un essai sur l'interprétation, Gibt es einen Zeitgenössischen Beethoven-Stil und andere Aufsätze (« Y a-t-il un style Beethoven contemporain ? », Wiesbaden, 1963).

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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