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FOUQUIER-TINVILLE ANTOINE (1746-1795)

Magistrat français de l'époque révolutionnaire, Fouquier-Tinville est né en Artois d'une famille paysanne relativement aisée ; il vient faire son droit à Paris et y achète une charge de procureur au Châtelet, qu'il exerce de 1773 à 1783 au 20 de la rue des Jeûneurs. Il doit la résilier moins pour incapacité — il était intelligent et éloquent — que pour inconduite. Il sollicite et obtient alors un emploi de commis dans les bureaux de la lieutenance générale de police. Il se jette résolument dans la Révolution, participe à la journée du 14 juillet et se retrouve en 1792 commissaire du district de Saint-Merri. Il prépare le 10 août dans les bureaux mêmes de la Commune de Paris ; aussi est-il nommé directeur du jury d'accusation du tribunal criminel de Paris jusqu'à ce qu'il soit désigné, le 10 mars 1793, par Danton et par Robespierre comme substitut, puis accusateur public près ce même tribunal et, enfin, accusateur public près le Tribunal révolutionnaire. Durant dix-sept mois, il occupe ce siège, requérant et obtenant la mort de plus de deux mille personnes. Logeant désormais au Palais de Justice (tours de la Conciergerie), il ne sort de la salle d'audience que pour rendre compte chaque soir au Comité de salut public des procès jugés dans la journée et prendre ses ordres pour le lendemain. À l'audience, sans distinction d'opinions, de sexe, d'âge ou de classe, il refuse généralement d'accorder la parole et use même de facéties à l'encontre des futures victimes. Il ira jusqu'à proposer de monter une guillotine dans la salle même du tribunal. Il requiert dans ces conditions la peine de mort contre Marie-Antoinette, Philippe Égalité, les vingt-deux députés girondins, Hébert, Danton, Camille Desmoulins et il a même le front de constater officiellement à la barre, au 10 thermidor, l'identité de son maître blessé qu'on va exécuter sans procès comme hors-la-loi : Robespierre. Il est, cependant, décrété d'accusation le 14 du même mois. Son procès dure quarante et un jours. On lui reproche surtout les jugements qu'il faisait signer en blanc et la répression de la pseudo-conspiration des prisons. Pour excuser sa férocité, il déclare : « Je n'ai été que la hache de la Convention ; punit-on une hache ? » Condamné à mort le 6 mai 1795 (16 floréal), il est exécuté le lendemain en même temps que le président du Tribunal, Hermann, et neuf autres juges ou jurés du Tribunal révolutionnaire.

— Marcel LE CLÈRE

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Écrit par

  • : docteur en droit, commissaire divisionnaire de la ville de Paris, ancien chargé de cours à l'Institut de criminologie et à l'Institut international d'administration

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