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AQUITAINE

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Créée dans les années 1960 au moment du rééquilibrage entre Paris et la province, la région Aquitaine est, depuis le 1er janvier 2016, regroupée avec le Limousin et le Poitou-Charentes au sein d’une même région, nommée dans un premier temps Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes puis, à titre définitif, Nouvelle-Aquitaine.

Aquitaine : carte administrative avant réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

Aquitaine : carte administrative avant réforme

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L'Aquitaine était constituée de cinq départements, Dordogne, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne et Pyrénées-Atlantiques. Située au sud-ouest de la France, elle allie le renom vinicole de sa capitale, Bordeaux, au charme d'une grande diversité due à une position méridionale.

Les Pyrénées - crédits : John Elk III/ The Image Bank/ Getty Images

Les Pyrénées

Sur 41 308 kilomètres carrés – 7,6 p. 100 du territoire métropolitain –, elle reprend le nom de la vaste province impériale du sud-ouest de la Gaule romaine. Au Moyen Âge, elle devient Guyenne (contraction déformée d'Aquitaine) mais aussi Béarn dans sa partie sud. Le toponyme « Aquitaine » est à nouveau utilisé au xixe siècle, par les géologues puis les géographes pour désigner l'ensemble du vaste bassin sédimentaire adossé au Massif central et aux Pyrénées et largement ouvert sur l'Atlantique. À partir de 1964, les réformes administratives limitent l'Aquitaine à la partie occidentale de ce domaine, la partie orientale devenant la région Midi-Pyrénées. Mitoyenne de l'Espagne, largement ouverte sur l'océan, l'Aquitaine enregistre les vicissitudes de la construction européenne : d'abord en position périphérique puis, mieux intégrée avec l'arrivée de l'Espagne et du Portugal, elle figure aujourd'hui au sein de cette grande façade atlantique d'une Europe qui se dilate vers l'est.

La région Aquitaine

Avec une population de 3 285 970 personnes en 2012, l'Aquitaine a une densité de 77,5 habitants au kilomètre carré ; elle fait partie des espaces peu peuplés de l'Europe communautaire et, surtout, fort inégalement occupés. Son poids humain dans l'ensemble français n'était que de 5 p. 100 jusqu’en 2015 : après une lente diminution depuis la fin du xixe siècle, il tend à s'accroître après les années 1980 grâce à des soldes migratoires supérieurs à l'ensemble national. La région apparaît comme une aire de forts contrastes socio-économiques : au milieu d'héritages contraignants, elle offre des aspects très marqués de modernisme économique et figure dans cette France du Sud qui accumule les formes les plus récentes de la croissance tertiaire du pays.

Le milieu : les nuances de la diversité locale

La région s'inscrit dans trois bassins hydrographiques tournés vers l'Atlantique. Au nord, celui de la Dordogne et de l'Isle conflue avec la Garonne qui constitue l'axe central, tandis que, au sud, l' Adour draine le versant pyrénéen et concentre ses torrents. À partir de là, trois ensembles physiques s'identifient avec force. Le cœur de la région, entre les fleuves, est occupé, pour plus d'un tiers de sa surface, par le plateau landais bordé par une côte rectiligne de 200 kilomètres ; son manteau sableux, souvent consolidé en grès, est imparfaitement drainé sauf sur les marges moins ingrates de la Chalosse et du Bazadais. Au nord s'étendent les plateaux à dominante calcaire du Périgord et de l'Agenais : la présence de placages de sables au nord et la domination d'une forte dissection vers la Garonne au sud constituent des nuances non négligeables pour la vie agricole. Au sud, enfin, s'étend l'avant-pays pyrénéen modelé en collines ; il précède le domaine montagnard lui-même, qui passe de la haute montagne à l'est (pic du Midi-d'Ossau, 2 884 m) aux croupes adoucies du Pays basque qui s'achèvent par la côte rocheuse au-delà de l'estuaire de l'Adour.

Dans le détail, ces pays fortement disséqués par un chevelu dense de vallons (Aquitaine, le « pays des eaux ») présentent une extrême diversité de sols aux possibilités, mais aussi aux contraintes, très variées allant des lourdes argiles des fonds aux chauds calcaires des plateaux, en passant par les boulbènes argilo-sableuses des pentes. Cette diversité fut source de complémentarité bénéfique pour la polyculture traditionnelle ; elle exige aujourd'hui des spécialisations, sources de variété mais aussi d'éclatement et de dispersion.

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Les conditions climatiques accentuent encore la diversité. Le climat aquitain est doux, humide et ensoleillé (5 0C en moyenne en janvier, 20 0C en juillet, 800 mm de précipitations annuelles), mais il est marqué par une très grande instabilité : les gelées tardives de printemps ne sont pas rares, les étés peuvent être très secs ou au contraire trop humides, les violents épisodes orageux peuvent être dévastateurs. Sur ce fond, la continentalité et l'altitude apportent des nuances importantes. Lumineuse, la côte ne compte qu'une quinzaine de jours de gelées, son ensoleillement est particulièrement important entre le bassin d'Arcachon et le Pays basque. Vers l'intérieur, l'hiver est bien plus marqué, principalement dans le Périgord et dans les vallées pyrénéennes où la végétation s'étage suivant l'altitude jusqu'aux alpages. Partiellement abritée, la vallée de la Garonne offre les nuances progressives, allant de l'humidité bordelaise à la plus grande sécheresse agenaise qui annonce les pays toulousains.

Les hommes et l'espace : l'inégalité de l'occupation

L'Aquitaine est très inégalement peuplée. Ce trait majeur, régulièrement accentué depuis le xixe siècle, pose désormais la question d'une continuité sociale et administrative de la région, plus encore que celle de la vie économique ; cependant, celle-ci est aussi obérée par la trop grande faiblesse de marchés inégalement répartis.

La Gironde, avec 44,5 p. 100 de la population régionale et 142 habitants au kilomètre carré, est le pôle incontesté, mais décentré au regard de la distribution d’ensemble. Au sud, les Pyrénées- Atlantiques, avec 20,1 p. 100 de la population et 78 habitants au kilomètre carré, sont déjà très au-dessous de la moyenne nationale en matière de densité (118 hab./ km2). Les trois autres départements, Dordogne, Landes et Lot-et-Garonne, tiennent une place encore plus modeste – respectivement 12,7 p. 100, 11,9 p. 100 et 10,1 p. 100 –, tandis que leurs densités sont encore plus faibles, 61 habitants au kilomètre carré pour le Lot-et-Garonne, 43 pour la Dordogne et seulement 35 pour les Landes, ce qui confirme leur caractère de « creux central » de la région déjà souligné par les conditions naturelles.

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Marquant même une progression, la période 1999-2008 confirme la région Aquitaine dans cette France méridionale aux taux de croissance de la population supérieurs à la moyenne nationale (1 p. 100 par an pour la région et 0,7 pour la France), ce qui la plaçait, avant la réforme territoriale de 2014-2015, parmi les quatre premières régions métropolitaines pour l’accroissement de la population. Cela est d’autant plus notable que, à l’exception de la Gironde, tous les soldes naturels sont nuls ou négatifs, ce qui illustre, de manière de plus en plus nette, un vieillissement marqué par la présence des retraités mais aussi le rôle tenu par la venue d'actifs déjà largement engagés dans leur carrière professionnelle (ce qui est le cas de la fonction publique, fortement représentée, et des grandes entreprises). La région attire donc, et sa population cesse de se restreindre dans la communauté nationale ; même le département du Lot-et-Garonne, dont le taux de croissance était très faible jusqu’au recensement de 1999, s’inscrit désormais dans cette dynamique.

Le taux d’urbanisation s’accroît régulièrement ; il est de 70 p. 100, ce qui est comparable au taux général de la province. Mais cela recouvre des différences notables entre les départements, presque du simple au double entre la Dordogne et la Gironde : l'Aquitaine est une région d'écarts d'urbanisation importants et, cependant, elle est caractérisée depuis le xviiie siècle par l'importance locale des bourgades et des petites villes, qui jouent un rôle de relais entre les deux grandes aires d'urbanisation. Au nord-ouest, l'agglomération bordelaise domine très largement ; l'aire urbaine est forte de 1 158 000 habitants en 2012 (737 500 pour les vingt-huit communes de la communauté urbaine) et, par coalescence, elle s'étire vers le nord jusqu'à Libourne et vers le sud jusqu'au bassin d'Arcachon ; c'est un ensemble de plus de 1 million d’habitants, soit le tiers de la population aquitaine, qui vit quotidiennement au rythme d'intenses migrations pendulaires. Au sud, la vallée de l'Adour représente le deuxième ensemble articulé en ses deux extrémités par les aires urbaines de Bayonne et de Pau ; l'entre-deux, mais il n'est que de 90 kilomètres, est rythmé par des centres secondaires aujourd'hui liés par une relation autoroutière active, Lacq-Mourenx, Orthez et Peyrehorade, ce qui présente la première configuration de vallée, la plus dense, mais qu'on retrouve plus à l'intérieur des terres avec l'axe garonnais et ses annexes, d'une part, celui de la Dordogne, de l'autre.

Agen : le pont-canal - crédits : Philippe Giraud/ Corbis/ Getty Images

Agen : le pont-canal

Le couloir de la Garonne, aux fortes densités rurales, est structuré depuis Bordeaux par Langon, La Réole, Marmande et, en liaison avec la région voisine, Agen ; la vallée du Lot en constitue une annexe importante avec la deuxième ville du Lot-et-Garonne, Villeneuve-sur-Lot, tandis qu'au sud s'ouvrent les rivières de la Gascogne qui, avec Casteljaloux et Nérac, animent les bordures de la forêt landaise. Au cœur de celle-ci, de très petites unités, très isolées, telles Labouheyre et Morcenx ; seules, au sud du département des Landes et déjà attirées par le système Adour-gave de Pau, Dax et la préfecture Mont-de-Marsan constituent des entités plus importantes. Le nord de la région est organisé sur le bassin hydrographique et historique de la Dordogne, avec Bergerac, et sur son affluent principal, l'Isle, où Périgueux a un rôle d'organisation pour le département de la Dordogne, principalement dans sa partie septentrionale. On le soulignera donc, à l'exception de la Gironde dominée par une très forte métropolisation, les quatre autres départements de l'Aquitaine sont disputés par un couple de villes principales qui s'en partagent le territoire en s'assurant des liaisons de proximité avec les petits centres locaux.

D’après les données de 2010, la population active de l’Aquitaine s’élevait à 1 484 000 personnes, soit 5 p. 100 du total national. Partant de cette donnée de base, on peut situer la région au regard de l’organisation de la vie économique. Son taux d’activité est sensiblement le même que le taux national. Le taux de chômage, qui évoluait jusqu’en 2006 au rythme général des fluctuations nationales, connaît depuis lors une progression légèrement moins forte qu’au niveau national. L’Aquitaine est banalisée dans l’économie française, le salariat y prédomine de manière écrasante, mais la structure de ses activités n’y perd cependant pas toute originalité.

La diversité relative des activités

Comme dans toute la France, la répartition en grands secteurs a été marquée par une très forte tertiairisation des emplois, qui atteignent 76,5 p. 100 des actifs totaux en 2012. L’originalité aquitaine réside encore en une sur-représentation agricole, 5 p. 100 des actifs contre 3 p. 100 en valeur nationale et, corrélativement, une sous-industrialisation exprimée en emplois, 12 p. 100 contre 21 p. 100. L'Aquitaine, par ces derniers traits, appartient bien à l'ensemble européen des régions du sud de la façade atlantique toujours marquée par une nette présence agricole mais, par la forte présence tertiaire, elle est beaucoup plus proche des régions méditerranéennes : encore la position intermédiaire déjà évoquée.

La tradition agricole confirmée

Forte d'une position ancienne mais conservée, l'Aquitaine est la deuxième région française par sa contribution à la valeur ajoutée agricole, dont elle assurait, en 2009, 8,2 p. 100. Ce rang est confirmé, et expliqué, par la première place tenue également pour le nombre de productions agricoles labellisées, qui s'étendent aujourd'hui bien au-delà du traditionnel domaine du vin, initiateur dans les techniques d'organisation. La région, désormais largement dégagée de la polyculture ancienne, s'est servi de celle-ci pour organiser une diversification largement intégrée dans les marchés.

La base productive est cependant en continuelle contraction ; le nombre des exploitations (43 000 en 2010) a été divisé par deux depuis les années 1970, témoignage d’une évolution structurelle majeure, qui s’appuie par ailleurs sur un nombre croissant de salariés. Cette contraction des exploitations est le fruit d'un mouvement qui, sans toucher aux grandes spécialisations spatiales, se marque par le renforcement d'unités de production toujours mieux adaptées à des débouchés organisés par les professions elles-mêmes (fruits, légumes, maïs) ou par le négoce (vin en large partie, produits de l'élevage). L'irrigation est devenue à la fois le symbole des investissements productifs et l'un des moyens de se dégager de trop sensibles aléas climatiques : sur 1 400 000 hectares de surface agricole (2013), 300 000 sont irrigués, principalement pour les cultures de légumes de plain champ et le maïs.

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Les valeurs agricoles concernent, pour les trois quarts, les productions végétales. Au premier rang de celles-ci, le vin assure à lui seul le tiers des ventes et assoit le renom de l'Aquitaine. Les surfaces utilisées pour la viticulture couvrent 144 000 hectares, dont 95 p. 100 en appellation d'origine ; le vignoble s'étend dans le Bordelais, son site principal, s'étale largement entre Garonne et Dordogne jusqu'au Bergeracois, qui constitue la deuxième grande référence régionale ; on y trouve aussi des vignobles originaux au sud de la Garonne (Buzet, Madiran, Duras) et en Béarn (Irouléguy). Au total, la production était de 6 millions d'hectolitres en 2012, dont plus de 2 millions sont exportés dans le monde entier.

Si l'Aquitaine est le principal producteur de vins d'appellation et la deuxième région exportatrice, elle est aussi le premier producteur de maïs ; celui-ci occupe le quart de la surface agricole, omniprésent des plateaux périgourdins aux collines des pays de l'Adour où il est dominant ; les 3,2 millions de tonnes de maïs grain (2014) constituent un aliment essentiel de la filière viande pour tout le Sud-Ouest, mais aussi une matière première industrielle transformée dans le nord de la France. Présents dans les vallées et sur leurs bas versants, les fruits et légumes représentent la troisième des grandes spécificités régionales ; arboriculture et culture des légumes de plein champ s'organisent afin de faire face à la concurrence des pays méditerranéens : l'Aquitaine n'est plus une région de primeurs, mais elle est devenue productrice de qualités reconnues dans des filières bien établies (tomates, salades, fraises, kiwis...).

L'élevage est loin d'être négligeable, principalement sur les bordures plus élevées de la région. Son assise est constituée par les bovins et, sur les confins pyrénéens, par les ovins. Mais les produits les plus remarquables, tant en Dordogne que dans les Landes, sont les palmipèdes gras (oies et canards), dont l'élevage (la moitié de la production nationale) a donné lieu au développement d'une filière associant marchés de proximité et organisation commerciale ; celle-ci conjugue conserverie et produits frais ou semi-frais, particulièrement pour la restauration.

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Associée sur les images touristiques à ces mêmes oies, il y a, enfin, la forêt, qui couvre 44 p. 100 du territoire régional. Dans ses périphéries montagneuses ou accidentées, c'est, pour le quart de l'ensemble, une série de massifs morcelés aux essences diverses. La partie la plus productive est, bien sûr, constituée par le massif landais, qui a beaucoup souffert de la tempête Klaus en janvier 2009 : 600 000 hectares de forêt ont été touchés (soit le tiers du total), dont 223 000 hectares à plus de 40 p. 100 ; 40 millions de mètres cubes de bois – essentiellement des pins maritimes –, l’équivalent de cinq ans d’approvisionnement, ont été détruits.

La modernisation industrielle

Un déplacement majeur, commun à l'ensemble du pays, caractérise l'amenuisement régulier de l'industrie et le gonflement diversifié du secteur tertiaire. En 2013, l'industrie employait 145 000 personnes dans 20 000 établissements. Par leur extrême diffusion, ce sont les industries agroalimentaires (20 p. 100 de l’emploi industriel régional) qui sont les plus présentes, liées aux spécialisations de l'agriculture et à la diversification des filières techniques (conserves, boissons, plats préparés...). De la même manière, mais plus concentrées, les industries du bois résultent, elles aussi, de la valorisation des ressources locales, produisant papiers et cartons d'une part (dans les Landes et en Dordogne), emballages, charpentes et meubles de l'autre, alors que les importations de bois étrangers ont considérablement diminué. Sur cette valorisation du milieu se greffent des activités plus spécifiques, comme les activités mécaniques et dérivées. La construction aéronautique et spatiale emploie plus de 40 000 personnes, comprenant les emplois directs et les multiples ateliers et entreprises moyennes des bassins de sous-traitance de Bordeaux, Pau et Bayonne.

La Gironde est le premier site industriel régional, au sein duquel le centre bordelais s'individualise par la forte présence du complexe aérospatial, des industries électroniques et, malgré leur contraction, des industries chimiques portuaires. Les Pyrénées-Atlantiques accueillent le quart de cette industrie régionale, avec une dominante chimique aujourd'hui obligée à une conversion liée à l’épuisement du gisement de gaz de Lacq, des industries métallurgiques entraînées par l'aéronautique ainsi qu'une présence significative de l'ameublement. La Dordogne, en plus des activités liées au bois (papeterie particulièrement) possède aussi des industries agroalimentaires et des activités liées aux survivances du secteur de la chaussure, autrefois fort important. Landes et Lot-et-Garonne ont une place plus modeste mais loin d'être négligeable ; le premier de ces départements voit logiquement la domination de la filière bois tandis que le second connaît un fort développement de la filière agroalimentaire stimulé par l'essor d'un pôle original de recherches dans les technologies bio-alimentaires en liaison avec les productions agricoles des pays garonnais.

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En articulation entre secteur secondaire et aménagement de l’espace régional, le bâtiment et les travaux publics emploient 75 400 personnes (2014), en 40 000 unités réparties sur tout le territoire régional. L’activité de construction chute fortement à partir de 2008, comme dans la France entière, en raison de la crise économique. Depuis les années 1990, on est passé d’un quasi-équilibre entre logements collectifs et individuels à une domination de ces derniers, qui assurent les trois cinquièmes d’une activité liée à l’étalement de l’urbanisation ainsi qu’au développement continu du parc de résidences secondaires et à l’entretien de celui-ci. Dans les travaux publics, l'activité est soutenue par les chantiers liés à l'amélioration des infrastructures et tout particulièrement les autoroutes et les divers raccordements urbains qui modifient régulièrement les rapports entre les villes, renforçant leur interdépendance.

La forte présence des activités de services

Fortes de 973 000 emplois en 2009, les activités tertiaires couvrent une large diversité de fonctions liées à l'équilibre social et spatial de la région. Les services aux entreprises (118 000 salariés) font partie de l'environnement de plus en plus diversifié nécessaire au développement des fonctions productives (sécurité, gardiennage, conseil et assistance...) et à leur concentration continue dans les principaux ensembles urbains. Pour les activités plus générales, on soulignera la place tenue par les 46 000 établissements et les 155 000 emplois du commerce, activité remarquable par une forte présence des grandes surfaces intégrées, en particulier les hypermarchés et les magasins de bricolage et d'électroménager (quatrième rang national). De même, les nombreux établissements et emplois dans la santé et l'action sociale reflètent à la fois l'équipement urbain, le vieillissement de la population et la fonction de séjour climatique. On relèvera enfin la part toujours renforcée du secteur public dans ces activités tertiaires et, plus particulièrement, dans les domaines de la santé et de la recherche-développement.

Parmi les 49 000 emplois (en moyenne annuelle) liés aux activités touristiques, près des deux tiers concernent la restauration et l’hébergement. Le tourisme est une des spécificités de l’Aquitaine. Avec 23 millions de nuitées en 2014, celle-ci est la cinquième région française pour la fréquentation touristique. La capacité d'accueil y est particulièrement importante dans l'hôtellerie de plein air et les villages de vacances qui se concentrent sur la côte. Dans l'intérieur, l'accueil est plus diversifié, mêlant tourisme rural et hôtelier traditionnel, particulièrement dans trois sites, le Périgord, la montagne pyrénéenne et Bordeaux et ses environs, dont la fréquentation culturelle, liée au cadre architectural et au vin, se renforce régulièrement de la venue de voyages organisés et du tourisme maritime de croisière qui maintient une activité croissante de substitution au cœur du « Port de la Lune ».

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Région frontalière, l'Aquitaine est une des deux portes majeures des relations avec la péninsule Ibérique, grâce aux liaisons par la terminaison atlantique des Pyrénées. Cela génère un important trafic nord-sud, à la fois autoroutier et ferroviaire ; le développement de la plate-forme multimodale bordelaise assure son articulation avec l'axe ouest-est et le raccorde à l'autre axe international majeur, celui de la Méditerranée. Mais ces relations terrestres de proximité transfrontalière se trouvent complétées et élargies au monde entier par le trafic des ports de Bordeaux (8,5 millions de tonnes en 2014) et de Bayonne (2,6 millions) qui se complètent pour l'exportation des bois et céréales et l'importation des engrais. Le trafic aéroportuaire, fort en 2014 de 4,9 millions de passagers pour Bordeaux, de 621 000 pour Pau et de 1 064 000 pour Biarritz, joue un rôle important dans l'attraction touristique régionale et, bien sûr, dans les relations d'affaires avec Paris, Londres et les métropoles européennes. Au total, en ce qui concerne le commerce international, l’Aquitaine se situe au douzième rang des régions françaises, l’Union européenne représentant plus de 60 p. 100 des exportations. En se modernisant, l'économie régionale s'est détachée des dépendances ultramarines assurées traditionnellement par Bordeaux pour s'intégrer fortement à l'espace et aux marchés européens, et la métropole devient une place de périphérie européenne dynamique dans les relations continentales plus que de façade maritime atlantique. La fusion de l’Aquitaine avec le Limousin et Poitou-Charentes donne naissance à une grande région, la Nouvelle-Aquitaine, qui se situera au 1er rang national pour la superficie et au 3e rang pour le P.I.B.

— Jean DUMAS

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Écrit par

  • : professeur des Universités à l'Institut d'études politiques de Bordeaux
  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Bordeaux

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Aquitaine : carte administrative avant réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

Aquitaine : carte administrative avant réforme

Les Pyrénées - crédits : John Elk III/ The Image Bank/ Getty Images

Les Pyrénées

Agen : le pont-canal - crédits : Philippe Giraud/ Corbis/ Getty Images

Agen : le pont-canal

Autres références

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