ARTILLERIE (HISTOIRE DE L')
Le mot « artillerie » apparaît avec Joinville au xiiie siècle pour désigner l'ensemble des engins de guerre. Il vient sans doute du vieux français artillier(garnir d'engins), par altération du mot art ou, peut-être, plus anciennement encore, du mot atilier, ou atillier, signifiant parer, ornementer.
L'arme de l'artillerie est le projectile.
En ce domaine, seuls comptent les effets obtenus sur l'ennemi, quels que soient les moyens utilisés pour porter, à l'endroit voulu, le dispositif efficace.
Il n'est donc pas étonnant que l'artillerie qui gardera la responsabilité des trajectoires ait été à l'origine de modes d'action qui, soit se sépareront d'elle (armes à feu en général, sapes du génie, canons d'assaut devenant chars de combat, engins d'observation lointaine, aérostation ou aviation militaire), soit lui resteront plus ou moins rattachés (artillerie navale, artillerie de côte, artillerie antiaérienne, artillerie antichar, artillerie de montagne, artillerie parachutée).
L'histoire de l'artillerie, depuis les armes de jet des Anciens et du Moyen Âge, retrace cet effort vers la puissance des projectiles nécessairement jointe à une recherche de précision des tirs, à une amélioration des matériels de lancement pour la portée, le débit et la mobilité, ainsi qu'à une organisation des moyens de ravitaillement capable d'amener jusque vers les positions des tonnages considérables de munitions. L'explosif nucléaire marque un saut brutal dans cette évolution sans introduire pourtant une réelle discontinuité. Il en est de même de la fusée qui prit place au côté du canon à longue portée au moment où la bombe qu'elle transporte a atteint un rayon d'efficacité compensant la relative imprécision du tir.
Ces perfectionnements de l'ensemble « munitions et moyens de lancement » permettent de réaliser l'effet de masse toujours recherché dans l'emploi de l'artillerie : arme des feux puissants, profonds et permanents. Mais ces qualités ne seront véritablement acquises qu'avec un environnement d'accessoires aux techniques poussées : radiosondage, tests balistiques, appareils de topographie précis, procédés électroniques d'acquisition d'objectif et de préparation de tir. Les complexes modernes sont devenus fragiles.
Les origines lointaines
L'artillerie est née de la conjonction de deux courants très anciens : le développement des armes de jet et l'usage de la poudre.
Qu'elles soient à cordages tressés (balistes à tir tendu ou catapultes à tir courbe) ou bien à contrepoids ( trébuchets ou mangonneaux), les armes de jet furent déjà utilisées par les Perses, les Spartiates et surtout les Romains. Leur emploi est courant lors des luttes de Philippe Auguste, Louis IX et Philippe le Bel contre la féodalité. Elles figurent encore « en fort attirail » au mont Cassel, à Crécy et à Poitiers avant de disparaître, progressivement dépassées par les pièces à feu.
La poudre, découverte en Chine quelques siècles avant notre ère, est introduite en Occident par l'intermédiaire des Arabes. Leurs conquêtes et les retours des croisades dispersent son utilisation. Les premiers ouvrages qui nous soient parvenus sur ses propriétés se situent entre 1230 et 1270. On peut citer les écrits d'Albert le Grand qui parcourut la Hollande, l'Allemagne et l'Italie, du moine Roger Bacon qui voyagea en Orient avant de se fixer à Oxford, et d'Al Marco, secrétaire du souverain d'Égypte.
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Écrit par
- M. SCHMAUTZ : colonel, ancien élève de l'École polytechnique, professeur à l'École supérieure de guerre
Classification
Médias