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BELGIQUE Histoire

Le 1er janvier 1989, une nouvelle réforme constitutionnelle entrait en vigueur en Belgique, mettant en place un État constitué de trois régions ( Flandre, Wallonie et Bruxelles) dotées de compétences politique, économique et culturelle, de moyens financiers non négligeables et d'un pouvoir législatif, fiscal et administratif. Le royaume de Belgique, créé en 1831, avec la connivence de Palmerston et de Talleyrand – un État unitaire avec Bruxelles comme unique centre de gravité, rêve de jacobins –, fut mis en échec par des fédéralistes, tant du nord que du sud du pays. L'histoire de la Belgique traditionnelle n'existe plus ; la finalité de ce processus séculaire débouchant sur l'État de 1831 (selon Henri Pirenne) n'est plus valable comme hypothèse de travail.

L'étude qui suit se situe dans les limites géographiques actuelles de la Belgique et analyse l'histoire des diverses communautés situées le long de l'Escaut et de la Meuse, au sud du delta des grands fleuves (Rhin, Meuse, Escaut). De ce voisinage sont nés des liens, non seulement économiques mais aussi politiques. Les habitants de ces régions, qu'ils fussent Flamands, Brabançons ou Liégeois, tissaient le même drap, bâtissaient les mêmes églises, hôtels de ville et beffrois, étaient fiers de leurs privilèges, de leur contrat féodal avec le prince, et commerçaient avec les mêmes pays.

Vers l'an 1000, on les appelait « les gens du comte Baudouin » à Londres et « les gens de l'Empereur » à la douane de Cologne, au xvie siècle les Fiamminghi (Flamands), comprenant tous les habitants des Pays-Bas (Wallons et Hollandais inclus).

Le nom actuel (Belgique, Belge) fut donné à un peuple celte (Belgae) par Jules César. Après la conquête romaine, le nom fut oublié et pour le peuple et pour la région. Il ne réapparut qu'au xvie siècle, époque de l'humanisme et de la Renaissance dans ces régions. Les lettrés, écrivant en latin, retrouvèrent l'appellation de César et décrivirent le Leo Belgicus, une carte géographique des dix-sept provinces de Charles Quint. Les humanistes furent frappés par le fait que toutes les seigneuries (Flandre, Brabant, Hainaut, Namurois, Luxembourg et Limbourg) affichaient un lion dans leur blason, symbole importé d'Orient pendant les croisades. Après le xvie siècle, les termes de Belge et de Belgique disparurent de la langue française jusqu'à la fin du xviiie siècle lorsque, sous l'influence du classicisme, on redécouvrit les noms donnés par César.

Le pays qui naquit de la révolution brabançonne en 1789 fut appelé États-Belgiques-Unis, nom trompeur. Ce n'est qu'à la suite de la Révolution française que la principauté de Liège, demeurée indépendante depuis l'an 980, fut, en 1795, rattachée aux autres « Belgiques ». Les Belges et les Liégeois s'étaient trouvés à Paris, après la destitution de Louis XVI, en « Comité révolutionnaire des Belges et des Liégeois unis ». Il est donc vraisemblable que c'est grâce à la Révolution française que ce pays fut baptisé Belgique, mais le vocable «  Brabant », désignant la principale région du pays, eût été plus indiqué, du moins dans l'esprit des habitants. Si les ducs de Bourgogne, les souverains de Habsbourg, le Consulat, le royaume de Guillaume Ier et l'État censitaire et jacobin de 1831 s'attachaient à unifier et unitariser le pays, ce phénomène fut toujours ressenti comme le « fait du prince ». Ce prince pouvait s'appeler le chancelier Rolin, le cardinal Granvelle, l'archiduchesse Isabelle, le ministre Cobenzl, les Premiers ministres Rogier, Frère-Orban, Schollaert, de Broqueville, Jaspar, Van Acker ou Vanden Boeynants, le particularisme est toujours resté un trait de caractère profondément marqué dans ces régions belges.

Aussi fut-ce un réflexe[...]

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Écrit par

  • : docteur en droit, licencié en sciences politiques et diplomatiques

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Médias

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La Flandre au XVI<sup>e</sup> siècle - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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