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ZEVI BRUNO (1918-2000)

Né à Rome le 22 janvier 1918 dans une grande famille de la communauté juive, Bruno Zevi y meurt le 9 janvier 2000. Il commence ses études d'architecture en 1936 tout en s'engageant dans la lutte antifasciste. L'antisémitisme croissant du régime de Mussolini le force à quitter l'Italie pour Londres en 1939, où il poursuit ses études à l'Architectural Association, avant de rejoindre New York en 1940, s'inscrivant à Columbia puis à Harvard, dont il est diplômé en 1941 sous la direction de Walter Gropius. De retour à Londres en 1943, il retrouve Rome en 1944, continuant à mener de front l'action politique, dans des organisations de la gauche non marxiste, et la pratique architecturale. Il fonde l'Association pour l'architecture organique, qui fait de l'œuvre de Frank Lloyd Wright la référence majeure d'une architecture moderne soucieuse d'un engagement civique démocratique. Aux États-Unis, il a découvert la pensée de John Dewey (Art as Experience, 1934) qui le conforte dans son attachement au pragmatisme européen de Benedetto Croce, et ne pourra jamais séparer la pensée de l'action.

Devenu professeur d'histoire à l'institut universitaire d'architecture de Venise en 1948, il publie la même année Saper Vedere l'architettura qui va devenir un best-seller mondial. Il s'agit pour Zevi de donner à chaque citoyen les moyens intellectuels qui lui permettront d'intégrer l'architecture dans le quotidien. Traduit dans une quinzaine de langues, Apprendre à voir l'architecture devient le livre d'initiation à l'architecture pour des générations d'étudiants. S'y manifeste avec force l'intimité de la relation entre pensée et histoire, mais une histoire « vivante » loin de tout historicisme et fidèle à la leçon de Croce selon laquelle l'histoire se fait toujours « au contemporain ». En 1955, il débute sa chronique d'architecture dans l'hebdomadaire L'Espresso, et devient le directeur du mensuel spécialisé L'Architettura - cronache e storia. Appelé en 1963 à la chaire d'histoire de la faculté d'architecture de Rome, Bruno Zevi la quittera en 1979, après une violente polémique contre l'« enseignement de masse » qui laisse les étudiants diplômés « en état d'analphabétisme ». Il ne dénonce pas tant l'arrivée de milliers d'étudiants dans les facultés que les conditions intellectuelles dans lesquelles on les reçoit, s'opposant à Aldo Rossi qui s'adapte à cet enseignement de masse par la mise au point d'une méthode « typologique » rendant la connaissance architecturale simpliste et donc aisément accessible au grand nombre. Zevi demande la transformation des structures pédagogiques par la multiplication des lieux d'enseignement permettant le maintien d'une relation exigeante et directe entre professeurs et étudiants. N'obtenant pas ces moyens et ne voulant pas cautionner ce qu'il estime être un enseignement supérieur au rabais, il préfère renoncer à sa position universitaire et développer davantage son activité éditoriale.

L'une de ses plus belles réussites est son étude, publiée en 1971, du projet de Biaggio Rossetti pour la Ferrare de la Renaissance pour laquelle il forge le terme d'« urbatecture » ; architecture et urbanisme ne sont pas deux disciplines séparées, mais deux dimensions conceptuelles sur lesquelles s'articule la « projettation » (progettazione) de la ville et celle des édifices singuliers.

Tout l'effort théorique de Zevi vise à comprendre comment l'espace architectural, entendu dans ses trois niveaux d'édifice, de ville et de territoire, peut être conçu comme l'outil d'édification, conceptuel et pratique, d'un espace de la communauté des hommes où la liberté des individus puisse s'épanouir face à[...]

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Écrit par

  • : docteur en sociologie, professeur à l'École d'architecture de Grenoble

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