CIRRIPÈDES
Par leur morphologie et par leur biologie, les cirripèdes constituent un groupe tout à fait particulier et, en quelque sorte, aberrant dans la super-classe des crustacés. Comme chez les autres crustacés, on peut opposer les formes parasites aux formes libres ; mais ces dernières, si elles ne dépendent pas d'un hôte pour se nourrir, se soudent précocement à un support solide et ne se déplacent plus jusqu'à leur mort. Appartenant par leur organisation fondamentale à un groupe hautement différencié, elles se trouvent ramenées, en ce qui concerne leur mode de vie, aux échelons inférieurs de l'échelle zoologique, au niveau d'organismes tels que les coraux et les éponges. Très communs sur les rochers littoraux, certains cirripèdes, les balanes, dont le corps est enfermé dans une petite loge calcaire tronconique, ont attiré l'attention des hommes depuis des temps immémoriaux. Leur aspect, cependant, a caché leur nature véritable et les anciens naturalistes, jusqu'à Cuvier inclus, les ont rangés parmi les mollusques. Lamarck et d'autres avaient pressenti leurs affinités réelles, mais ce n'est qu'en 1830 que J. Vaughan Thompson, en décrivant un stade larvaire typique des crustacés, a établi avec certitude la position zoologique du groupe.
Les cirripèdes sont définis comme des crustacés marins, au corps indistinctement segmenté, terminé par une furca caudale et enfermé, le plus souvent, ainsi que les appendices, dans une carapace renforcée par des plaques rigides. À l'état adulte, ils sont fixés par la région céphalique, où manquent yeux pairs et antennes ; les antennules, qui servent à la fixation chez les larves, régressent par la suite et les mandibules ne présentent pas de palpes. Il y a typiquement six paires d'appendices thoraciques biramés en forme de cirres multiarticulés, frangés de soies. Le plus souvent hermaphrodites, les cirripèdes ont des orifices femelles sur le premier segment du tronc et des orifices mâles en arrière de la dernière paire d'appendices thoraciques. Parfois des mâles nains vivent à l'intérieur d'individus hermaphrodites ou femelles. Les larves éclosent au stade nauplius, puis passent au stade cypris, à carapace bivalve, à la fin duquel intervient la fixation.
Chez les cirripèdes, on observe presque tous les termes de passage entre des organismes fixés, mais se nourrissant de proies capturées dans le milieu ambiant et des formes parasites.
Des premiers, on peut donner en exemple la plupart des cirripèdes thoraciques, comme les anatifes et les balanes. Des seconds, on retiendra le cas des rhizocéphales, chez lesquels les adaptations au parasitisme se traduisent par des régressions telles qu'il n'y a plus trace de segmentation, ni d'appendices, ni de tube digestif.
Les pédonculés
Les anatifes
Les anatifes ou Lepas que nous prendrons comme type des pédonculés (Pedunculata),en raison de leur structure représentative du groupe, ont un habitat spécial : ils vivent sur des objets flottants, pièces de bois, bouées, bouteilles, etc. Il n'est pas rare de trouver, échouées sur une plage, des épaves portant un ou plusieurs bouquets d'anatifes qui attirent l'attention par la blancheur des plaques d'un capitulum atteignant 5 centimètres de longueur alors que le pédoncule, de teinte foncée, peut dépasser 50 centimètres. Ces curieux organismes sont connus depuis longtemps et la croyance populaire, se fondant sur leur forme, sur l'aspect plumeux du panache de cirres émergeant d'une coquille, y voyait les œufs pédonculés de canards sauvages : cela explique leur nom populaire d'anatifes (du latin anas, canard).
Extérieurement, un Lepas apparaît formé de deux parties : le corps proprement dit ou capitulum, en forme de gland, et un pédoncule cylindrique allongé, musculeux et flexible, par lequel l'animal[...]
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Écrit par
- Jacques FOREST : professeur émérite, Institut océanographique
Classification
Médias
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