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ROY CLAUDE (1915-1997)

Nul n'ignore le nom de Claude Roy, parce qu'il a écrit sur des sujets très différents et que, outre ses chroniques littéraires régulières au Nouvel Observateur, il a touché à tous les genres : roman, poésie, autobiographie, essai littéraire, histoire de l'art, conte pour enfants, etc. Polygraphe parfait, il a plus d'une corde à son arc, mais sa plume reste toujours d'une égale qualité : bien aiguisée, elle frappe avec une justesse et une élégance rares. À l'évidence, il compte parmi les meilleurs écrivains de son temps.

Claude Roy — Claude Orland pour l'état civil — naît à Paris en 1915, dans une famille d'origine charentaise et espagnole. Il suit la filière la plus classique en faisant ses études au lycée Montaigne, puis à celui d'Angoulême, enfin à la Sorbonne. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se bat en Lorraine, est fait prisonnier, s'évade, reçoit la croix de guerre. En 1942, il adhère au Parti communiste français, puis il est nommé correspondant de guerre avec la Ire armée française et la Ire armée américaine. Au lendemain du conflit mondial, il effectue une série de voyages aux États-Unis, en Chine, en U.R.S.S. et en Afrique du Nord. En 1956, il est exclu définitivement du P.C.F., juste après les événements de Budapest. Depuis, il consacre la majeure partie de son temps à écrire des articles et à rédiger ses livres.

Avant tout, Claude Roy est un poète. Plusieurs beaux recueils en témoignent, où la mort — et tout ce qu'elle suscite et entraîne — règne de vers en vers. Rien d'artificiel ou de faussement travaillé dans ces poèmes : mais une limpidité et une clarté étonnantes, où la musique du mot et l'esthétique de la phrase priment. Pour Pierre Gardais et Jacques Roubaud, qui ont préfacé un recueil de ses textes choisis, Claude Roy appartient à la race des poètes « qui vont chercher au profond de la nuit une goutte d'eau pure, une étincelle de feu central ». Témoins ces deux vers : « Le vent m'empêche de dormir si tu es loin de moi / ton cœur m'empêche de mourir s'il bat tout près du mien » (Ne pas dormir). Ailleurs, ces mots qui définissent son effort et son travail : « Le poète n'est pas celui qui dit Je n'y suis pour personne / Le poète dit J'y suis pour tout le monde » (Jamais je ne pourrai). Parmi tous ses ouvrages poétiques, il faut retenir en priorité Clair comme le jour (1943), Le Poète mineur (1949), Le Parfait Amour (1952), Le Verbe aimer (1968), Sais-tu si nous sommes encore loin de la mer ? (1979, un poème cosmogonique.

Dans ses romans, Claude Roy obéit aux mêmes exigences de clarté et bannit les intrigues ou le style trop complexes. À tort ou à raison (1955) relate les souvenirs de guerre et ceux de jeunesse, les déceptions et les espoirs ; La nuit est le manteau des pauvres (1948) raconte les désirs et les ambitions de ceux qui ne vivent pas dans la lumière ; dans Léone et les siens (1963), une femme tente d'insuffler une nouvelle énergie à des émigrés new-yorkais. Chaque fois, Claude Roy se penche sur les déshérités du cœur et les marginaux du bonheur, avec le souci continuel de faire changer l'ordre des choses, de combattre l'injustice et le malheur.

Enfin, Claude Roy est un essayiste. Bien que l'épithète, trop rigide et universitaire, lui aille mal. Tous les étudiants ont serré dans leur poche et leur jeunesse Défense de la littérature, recueil de textes en forme de plaidoyer pour la survie de la littérature. On en retient plusieurs phrases chocs : « L'homme est un animal liseur » ; « La littérature ne sert en apparence à rien, mais en fait à tout le monde » ; « Le romanesque est l'opium de tout le monde » ; « Un roman est une leçon de conduite ». Dans la même veine, Les Chercheurs de dieux (1981) est une vigoureuse critique[...]

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    ...Arts », ultime pièce du puzzle, renvoie, par exemple, dans la fugue des souvenirs jouant sur les mots et les lieux, à l'un de ses plus chers amis, le poète Claude Roy qui écrivit un roman portant ce titre, aux moments de bonheur partagé avec lui autant qu'aux heures graves (le chagrin lors de la dispersion...