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COLONISATION

Le premier système colonial

Le temps des grandes compagnies

Leur apogée

Le partage du monde entre Espagne et Portugal n'est pas accepté par les autres États qui s'engagent dans la carrière coloniale : la France, l'Angleterre et la Hollande. Avec ces nouveaux arrivants va apparaître une autre méthode de colonisation : la compagnie à charte. Ces compagnies ont obtenu de l'État, pour une zone géographiquement délimitée, un privilège, c'est-à-dire le monopole du commerce avec des faveurs douanières particulières. Elles possèdent un droit de souveraineté sur les territoires qui leur sont octroyés, ce qui leur permet d'entretenir des armées, de rendre justice et de battre monnaie. En contrepartie, ces compagnies ont l'obligation d'organiser les liaisons entre la métropole et les terres qui leur sont confiées, d'y assurer le peuplement, et, le cas échéant, l'évangélisation. Dans ce domaine, l'exemple est donné par deux pays où se sont accumulés d'importants capitaux privés : l'Angleterre et la Hollande. La Compagnie anglaise des Indes orientales obtient, en 1600 et pour quinze ans, le monopole du commerce aux Indes orientales et la pleine propriété des territoires qu'elle pourrait acquérir. En 1602 est créée la Compagnie hollandaise des Indes orientales qui constitue comme le « modèle » de ces compagnies coloniales. Elle a le monopole du trafic et de la navigation entre le cap de Bonne-Espérance et le détroit de Magellan. Son objectif est commercial, mais elle a aussi des responsabilités coloniales puisqu'elle peut, au nom de l'État, passer « des contrats dans les Indes avec les naturels du pays ». Si la Compagnie est souveraine, elle a cependant des liens étroits avec l'État à qui les employés de la Compagnie doivent prêter serment d'allégeance. En France, trop nombreuses au temps de Richelieu, les compagnies sont réorganisées sous Colbert. Ainsi sont fondées la Compagnie française des Indes orientales qui assure le trafic des épices et le cabotage « d'Inde en Inde » autour de l'océan Indien et de l'océan Pacifique, la Compagnie des Indes occidentales qui se préoccupe surtout du commerce sucrier des Antilles, puis la Compagnie du Sénégal qui assure la traite négrière, la Compagnie de Guinée, la Compagnie du Nord, la Compagnie du Levant, etc. Ces compagnies n'ont pas drainé les capitaux privés aussi facilement qu'en Angleterre et en Hollande, et la crise de l'affaire Law jeta sur elles un discrédit certain.

Un renouveau

Léopold II - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Léopold II

On observera plus tard, et dans des conditions bien différentes de la colonisation impérialiste, un renouveau des compagnies coloniales à la fin du xixe siècle. Il correspond alors à des préoccupations autres que celles qui prédominaient à la grande époque des compagnies. Ces nouvelles compagnies tâtent le terrain. Si elles échouent, l'État ne porte aucune responsabilité. Si elles réussissent, l'État peut alors intervenir et se substituer à elles. Léopold II, par exemple, « colonisant » à titre personnel, doit, pour agir, passer par l'intermédiaire des sociétés qu'il fonde : Association internationale pour l'exploration et la civilisation en Afrique (1876), puis Comité d'études du Haut-Congo (1878) et Association internationale du Congo (1879).

L'expansion britannique fournit d'autres exemples : Royal Niger Company, Imperial British East Africa Company, British South Africa Chartered (la fameuse Chartered de Cecil Rhodes), British North Borneo Company...

En Afrique noire, la France pratique aussi, à la même époque, le système des compagnies, qui sont plutôt des sociétés de commerce et d'exploitation, liées à l'économie de traite et auxquelles l'État, qui théoriquement demeure souverain, peut octroyer de très vastes concessions. Le cas du Congo est très significatif[...]

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Écrit par

  • : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

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Colons et colonisés, Marc Ferro - crédits : Encyclopædia Universalis France

Colons et colonisés, Marc Ferro

Léopold II - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Léopold II

Jamestown et la colonisation - crédits : MPI/ Getty Images

Jamestown et la colonisation

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