COLORANTS
Les matières colorantes se caractérisent par leur capacité à absorber les rayonnements lumineux dans le spectre visible (de 400 à 700 nm). Tous les composés répondant à cette définition se différencient par leur structure chimique, organique ou inorganique, ou par leur origine, naturelle ou synthétique. Cependant, la distinction faite entre les colorants et les pigments est bien plus importante puisqu'elle tient compte de l'interaction entre la matière colorante et le substrat. Les pigments ont la particularité d'être insolubles dans le milieu où ils sont appliqués, ce qui nécessite de faire appel à des produits auxiliaires, comme certains polymères dans la peinture, pour assurer la cohésion avec le support. En revanche, les colorants doivent présenter vis-à-vis des matériaux à teindre, tels que les textiles, le cuir, le papier, une certaine affinité qui se traduit par une montée progressive, suivie d'une fixation de la substance colorante sur le substrat.
Historique des colorants
De tout temps, l'être humain a été fasciné par la couleur, notion indispensable dans les domaines de l'art, de la décoration et de l'artisanat mais pouvant également devenir signe de reconnaissance, marque hiérarchique ou moyen d'expression de sentiments.
Les colorants naturels
Jusque vers la fin du xixe siècle, les couleurs ne pouvaient être obtenues qu'à partir d'éléments naturels. Les premiers colorants connus sont ceux utilisés à Lascaux (France) ou à Altamira (Espagne), datant du Magdalénien. Ces colorants étaient des pigments minéraux : oxydes de fer pour les jaunes, les ocres et les rouges, oxydes de manganèse pour les bruns. Dès 1500 avant notre ère, les Égyptiens réalisent des teintures avec le safran (jaune), le pastel (bleu) et la garance (rouge). Dès lors, la majorité des colorants utilisés sont d'origine végétale, extraits des plantes, des arbres ou des lichens, ou bien d'origine animale, extraits des insectes comme le kermès ou des mollusques comme la pourpre. Mais le nombre de colorants naturels n'a jamais excédé quelques dizaines, alors que les colorants synthétiques comptent plus de sept mille exemplaires.
Les colorants jaunes, les plus nombreux, sont généralement de qualité médiocre tant sur le plan du pouvoir tinctorial que sur celui de leur solidité à la lumière en comparaison avec les rouges et les bleus. Dans leur ensemble, ils sont obtenus à partir de sources végétales. Le plus utilisé, en particulier au Moyen Âge, est la gaude, qui, contrairement à la plupart des autres colorants jaunes, est basé sur un groupe chromogène de type flavone, relativement résistant aux oxydations atmosphériques.
Parmi les colorants rouges, on retrouve le kermès et la cochenille, qui sont tous deux obtenus à partir d'insectes, alors que le plus important, la garance, est un extrait de plante. Ce sont tous des dérivés hydroxyles de l'anthraquinone. La garance, utilisée avec un mordant métallique à base de mélange de sels de calcium et d'aluminium, conduit au fameux rouge turc, célèbre pour son éclat et sa tenue à la lumière. La structure de la pourpre (extraite du murex), voisine de celle de l'indigo, fut déterminée en 1909 par Friedlender. Au cours de cette expérience, pas moins de douze mille mollusques ont été utilisés pour isoler 1,4 gramme de colorant, ce qui illustre parfaitement les quantités impressionnantes de matière nécessaires à la fabrication des colorants naturels.
L'industrie de la pourpre est née à Tyr, sur les bords de la Méditerranée. Les Romains les plus fortunés en assurèrent la prospérité pendant plusieurs siècles, si bien que l'on retrouva de véritables montagnes de résidus de coquillages.
Les principaux colorants naturels bleus sont l'indigo, importé des Indes, et le pastel, cultivé dans les pays à climat tempéré. Ces deux composés[...]
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Écrit par
- Daniel FUES : ingénieur chimiste responsable du laboratoire d'analyses chimiques à l'Institut textile de France, Centre de recherches textiles de Mulhouse
Classification
Médias
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