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COMÉDIE-FRANÇAISE

Depuis plus de trois siècles, la Comédie-Française est l'institution la plus emblématique du théâtre français. Son histoire, ses statuts, son mode de fonctionnement, sa mission artistique constituent une structure unique en France. Adulée ou vilipendée, victime de ses paradoxes et de ses contradictions, divisée entre le maintien d'une hypothétique tradition et la nécessité d'un renouveau, cette vénérable Maison reste une référence ou un repère, que l'on se compte ou non parmi ses spectateurs.

« La Maison Molière »

<em>Les Fourberies de Scapin</em> de Molière, mise en scène de Denis Podalydès - crédits : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Les Fourberies de Scapin de Molière, mise en scène de Denis Podalydès

Si l'acte de fondation de la Comédie-Française date de mars 1804, et fut officialisé par Napoléon depuis Moscou par le décret du 15 octobre 1812, sa création se situe sous le règne du Roi-Soleil. En 1680, Louis XIV, épris de spectacles mais aussi désireux de renforcer les liens entre la culture et l'État, enjoint aux deux dernières troupes parisiennes de comédiens français – celle de l'hôtel de Bourgogne dont le chef, La Thorillière, vient de disparaître, et celle de l'hôtel Guénégaud, composée des comédiens de Molière, mort le 17 février 1673 – de se réunir. En 1687, les comédiens doivent quitter l'Hôtel Génégaud. Ils s'installent deux ans plus tard au 14 de la rue des Fossés-Saint-Germain (aujourd'hui rue de l'Ancienne-Comédie), dans une salle conçue par l'architecte François d'Orbay, qu'ils quitteront en 1770, pour se produire provisoirement à la salle des Machines du palais des Tuileries. En 1782, la troupe inaugure son nouveau théâtre faubourg Saint-Germain, construit par les architectes Peyre et Wailly (l'actuel Odéon) avec une salle dite « à l'italienne » d'une capacité de 1 913 spectateurs. Après avoir traversé les remous de la Révolution et connu de nombreux périls, la Comédie-Française s'installe en 1790 rue Richelieu, dans le bâtiment construit par l'architecte Victor Louis, qu'elle utilise toujours aujourd'hui.

Plusieurs fois transformée, de 1840 à 1893, pour s'adapter aux évolutions techniques et améliorer les conditions d'accueil des spectateurs, la « Salle Richelieu« sera reconstruite après l'incendie du 8 mars 1900 par l'architecte Julien Gadet. Tout en restant fidèle aux conceptions de Victor Louis, Gadet améliore la sécurité du bâtiment et le confort du public, notamment avec une réduction du nombre de spectateurs. Une tendance qui s'accentuera dans le temps pour se stabiliser aujourd'hui à 892 places. Avec ses tons rouge et or, ses éléments décoratifs, sa coupole, les atlantes des loges d'avant-scène, la salle affiche une monumentalité et une configuration qui revendiquent leur filiation marquée avec un certain type de théâtre. La disposition du parterre et baignoires, de la corbeille, et des balcons et galerie, la dichotomie marquée entre la salle et la scène s'inspirent de l'ordre italien. L'espace scénique bénéficie depuis 1994 d'un équipement de haute technicité, avec une machinerie hydraulique aux commandes informatisées, qui lui permet de répondre au mieux – compte tenu du volume et des contraintes du bâtiment – à son mode de fonctionnement.

Après le décret de Moscou qui codifiait les règlements de la Comédie-Française (une troupe permanente de comédiens réunis en société, des règles de fonctionnement fixées par l'État), de nouvelles dispositions furent adoptées.

En 1850, un nouveau décret place la Comédie-Française sous la direction d'un administrateur nommé par l'État, et, en 1946, deux décrets successifs fixent l'organisation de l'institution, précisant les rôles de l'administrateur général, des comités d'administration et de lecture, puis du régime financier. Des statuts maintenus pour l'essentiel à travers les années, mais qui ont été modernisés à plusieurs reprises. Notamment en 1975[...]

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<em>Les Fourberies de Scapin</em> de Molière, mise en scène de Denis Podalydès - crédits : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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