COMMUNISME Histoire économique des pays communistes
L'ensemble des pays appartenant au système socialiste d'économie pouvait se définir, jusqu'à l'effondrement de ce système en 1989-1990, à partir de trois critères principaux. En premier lieu, les activités économiques, tout comme la vie politique, étaient subordonnées aux décisions d'un parti unique, qu'il fût dénommé Parti communiste ou portât un autre nom (Parti socialiste ouvrier hongrois, Parti ouvrier unifié polonais, etc.). En deuxième lieu, l'organisation économique de ces pays reposait sur la propriété collective des moyens de production. En troisième lieu, la planification assurait la coordination des mécanismes économiques, avec un rôle croissant mais subsidiaire dévolu aux instruments de marché.
Géographiquement, cet ensemble comprenait, jusqu'en 1990, un sous-ensemble européen, cinq États asiatiques et un État américain, Cuba. Outre l'U.R.S.S., les huit États européens pouvaient se décomposer à leur tour en six pays membres du Conseil d'assistance économique mutuelle (C.A.E.M. ou, selon l'appellation anglaise abrégée, Comecon) : la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la République démocratique allemande ou R.D.A., la Roumanie, la Tchécoslovaquie, auxquels s'ajoutaient deux pays à caractéristiques politiques et économiques très différentes, l'Albanie et la Yougoslavie, qui avaient abandonné depuis longtemps le modèle soviétique. La Yougoslavie s'était définie en 1950 comme une société autogestionnaire, et l'Albanie demeurait, depuis sa rupture avec l'U.R.S.S. en 1961, le dernier bastion du modèle stalinien de développement. Le sous-ensemble asiatique comprenait la république populaire de Chine, les républiques démocratiques populaires de Corée et du Laos, la république populaire de Mongolie et la république socialiste du Vietnam.
Historiquement, ces pays sont devenus socialistes à des dates différentes et, dans tous les cas, à la suite de révolutions et/ou de guerres, c'est-à-dire d'une rupture violente avec leur passé, conduisant à l'établissement graduel ou immédiat du communisme et du système socialiste d'économie. Ils n'ont pas tous abandonné le socialisme. Alors que la transition vers la démocratie et l'économie de marché était en voie de réalisation dans les pays ex-socialistes européens, par des voies pacifiques ou à travers de graves conflits nationaux internes comme en Yougoslavie et dans l'ex-U.R.S.S., les pays asiatiques demeuraient dans leur majorité encore politiquement attachés au socialisme au début des années quatre-vingt-dix, même si du point de vue économique le passage au marché était en cours. Cuba est le dernier cas du modèle socialiste autrefois désigné « de type soviétique ».
Du point de vue de leur stade de développement, les pays socialistes se divisaient en deux groupes. Le premier comprenait les économies que l'on pouvait tenir pour relativement « développées », le critère en la matière étant la part de l'industrie dans le revenu national et la population active ; il englobait la plupart des pays socialistes européens, à l'exception de l'Albanie, et avec des réserves pour des pays tels que la Roumanie, la Bulgarie ou la Yougoslavie. Le second comprenait les pays non européens, considérés comme des économies en voie de développement. En fait, le critère « systémique » occultait le critère du développement : dans les classifications internationales des Nations unies, seule la Yougoslavie appartenait en Europe au groupe des « économies de marché en développement » (Cuba, en Amérique, connaissait un classement similaire, non sans paradoxe quant à la qualification de « marché »). Les pays socialistes asiatiques, tout comme l'U.R.S.S. et les autres pays socialistes européens, étaient définis comme « pays à économie centralement planifiée[...]
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Écrit par
- Marie LAVIGNE : professeur émérite de sciences économiques, université de Pau
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