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CYBERCRIMINALITÉ

Catégorie récente et ambiguë, la cybercriminalité s'est insinuée dans le vocabulaire social et juridique à la faveur du développement des réseaux informatiques et des technologies d'information et de communication. Elle constitue à première vue l'antithèse du mythe, sinon de l'espoir, qui a accompagné la diffusion rapide d'Internet : celui de la création progressive d'un « village global » entièrement tourné vers le partage numérique de la connaissance, de la libre circulation des idées et des opinions à travers un système dépassant les frontières physiques des États et, à ce titre, défiant leurs structures coercitives et policières. Cette vision idyllique et libertaire d'un outil virtuel assurant une émancipation tant individuelle, par l'inculcation d'un savoir autrement interdit ou inaccessible, que collective, à travers le partage des valeurs démocratiques, s'est heurtée à des considérations sécuritaires et militaires. Les enjeux de sécurité, d'ailleurs à l'origine de la création d'Arpanet, devenu Internet au début des années 1990, ont nourri et imposé une perception concurrente dans laquelle les nouvelles technologies numériques sont porteuses de menaces et de risques présentés comme radicalement nouveaux, et de ce fait, redoutables.

Définitions

La cybercriminalité s'inscrit dans cette perspective où les formes de la criminalité et de la délinquance, passant de l'espace physique au domaine virtuel, changent de nature ainsi que d'expression. Phénomène protéiforme aux contours flous, la cybercriminalité est appréhendée de manière large comme l'ensemble des infractions commises au moyen d'ordinateurs ou visant ces derniers.

Elle englobe généralement deux catégories de délits que l'on distingue selon le rôle prêté aux technologies d'information et de communication. Dans un premier cas, l'informatique constitue le support et le vecteur par lesquels le délit est commis : diffusion de contenus illicites à caractère raciste, antisémite ou encore de nature pédopornographique, escroqueries sur sites de vente en ligne, contrefaçons d'œuvres audiovisuelles ou de logiciels notamment via l'échange direct entre internautes à partir des serveurs P2P (peer to peer). Dans le second cas, les réseaux informatiques et informationnels sont non seulement le vecteur mais aussi la cible du délit à travers des techniques d'intrusion visant le vol, le contrôle ou la destruction de systèmes ou de bases de données informatiques. Il peut s'agir de méthodes consistant à forcer l'accès à un ordinateur distant (hacking), à modifier les données et les fichiers, ou à implanter des programmes malveillants au sein des serveurs (cracking). On parle alors d'attaques dites « logiques » perpétrées grâce à des programmes informatiques de type virus, vers, cheval de Troie et autres « bombes » logiques dont les plus célèbres, tels I Love You (2000), Code Red et Nimda (2001), Slammer (2003) ou encore MyDoom (2004), ont provoqué des dommages évalués en millions de dollars.

Afin de mieux circonscrire le champ de la cybercriminalité et de distinguer correctement ses diverses manifestations, plusieurs classifications ont été proposées. On trouve ainsi des classements fondés sur l'identité de la victime des actes de malveillance, selon qu'il s'agit d'une atteinte à la personne, à la propriété ou à l'État. D'autres typologies sont dérivées des catégories traditionnelles appliquées aux pratiques criminelles et opèrent une distinction entre le vol (cybertheft), l'atteinte aux mœurs (cyberobscenity), les actes violents (cyberviolence) ou l'intrusion illicite (cybertrespass). De même, les actes de cybercriminalité peuvent être répertoriés selon les préjudices subis, selon les[...]

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Écrit par

  • : doctorant en science politique à l'université de Paris-II, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris

Classification

Autres références

  • PSYCHOLOGIE ET JUSTICE

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    • 4 431 mots
    ...sciences humaines et sociales (sociologie, économie, etc.), ainsi qu’aux sciences et techniques de l’information et de la communication. La lutte contre la cybercriminalité et celle contre la criminalité organisée, au sein de laquelle figurent le terrorisme et la traite humaine, sont ainsi des enjeux majeurs...
  • VIRUS INFORMATIQUE

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    • 4 367 mots
    • 3 médias
    – perpétrer une action délictueuse (activation de la charge virale) qui va de la simple gêne (affichage d'un message) au cybercrime (par exemple, vol de numéros de cartes bancaires) ;