DAR-ES-SALAM
La principale ville de Tanzanie compte plus de 3 millions d'habitants en 2007.
Fondée en 1862 par le sultan de Zanzibar pour les qualités nautiques de sa rade et, surtout, pour son relatif éloignement par rapport à Bagamoyo (à 60 kilomètres au nord) rendue ingouvernable par les querelles entre clans politiques, la ville est devenue la capitale de l'Afrique orientale allemande en 1891. Les Allemands ont confirmé le choix du sultan en faisant de Dar-es-Salam le port principal de leur colonie et la tête de ligne de la voie ferrée vers Moshi (pentes du Kilimandjaro) et le lac Tanganyika. Ils ont planté le décor de la ségrégation en distinguant les quartiers administratifs et résidentiels et, parmi ceux-ci, les quartiers européens, à faible densité, ceux indiens, à densité moyenne, et enfin ceux africains, à forte densité (Kariakoo). Le Royaume-Uni, désigné en 1919 par la Société des nations pour administrer le Tanganyika, a poursuivi cette politique. Après l'indépendance, Dar-es-Salam a connu un relatif déclin face à la politique antiurbaine menée dans le cadre du « socialisme à l'africaine », et face aux effets combinés d'une politique antiélitiste et de la crise économique. En 1974, la ville perd sa fonction de capitale au profit de Dodoma. Néanmoins, depuis 1985, la reprise de la croissance économique et des investissements, les politiques de réhabilitation des réseaux (eaux usées, électricité, etc.), les plans d'ajustement structurels et leurs corollaires urbains ont provoqué une reprise rapide de l'urbanisation. Dar-es-Salam connaît un étalement urbain (l'agglomération s'étend sur 40 kilomètres de rayon autour du port), et renoue avec la ségrégation qui oppose désormais les quartiers aisés du littoral, en particulier au nord de l'agglomération, aux quartiers populaires de l'intérieur des terres et le long des voies radiales qui s'éloignent du centre vers Kilwa, Morogoro et Bagamoyo. Dar-es-Salam reste le principal foyer économique de la Tanzanie, notamment grâce à sa fonction de transit : son port manutentionne 6 millions de tonnes de marchandises par an, et son aéroport est en plein essor ; la voie ferrée vers la Zambie, construite en 1966 par les Chinois, joue également un rôle important. La ville est aussi le foyer industriel du pays avec la présence de gisements de gaz à 200 kilomètres au sud de la ville. Au fur et à mesure de la libéralisation et de la croissance, l'administration publique, qui avait joué un rôle essentiel dans l'économie urbaine, perd de son poids.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Bernard CALAS : professeur de géographie à l'université de Bordeaux-III-Michel-de-Montaigne
Classification
Média
Autres références
-
DODOMA
- Écrit par Bernard CALAS
- 370 mots
- 1 média
Située à 500 kilomètres à l'intérieur des terres, sur le plateau central tanzanien, peu peuplé, Dodoma est la capitale officielle de la Tanzanie. Elle comptait environ 350 000 habitants en 2005, loin derrière Dar-es-Salam (environ 3 millions d'habitants). La décision de déplacer la...
-
TANZANIE
- Écrit par Bernard CALAS , Marie-Aude FOUÉRÉ et Franck MODERNE
- 12 429 mots
- 9 médias
...construite entre 1966 et 1971 par les Chinois pour exporter le cuivre zambien. Aussi, le tracé du réseau est-il des plus simples : à partir du port de Dar-es-Salam (9 millions de tonnes de marchandises manutentionnées, en 2005), véritable poumon économique de la Tanzanie et de l'hinterland congolais,...