DESSIN CONTEMPORAIN

Le wall drawing

Le dessin acquiert une dimension d'architecture dès lors qu'il s'agit de wall drawings (« dessins muraux »), un concept qui s'est développé dans la foulée de l'art conceptuel et qui n'est pas sans rappeler l'art de la fresque. Dans ce domaine, il y va pour l'essentiel de grandes compositions abstraites dont les figures géométriques visent au dialogue avec l'espace qui les accueille et dont les procédures de réalisation diffèrent d'un artiste à l'autre. Sol LeWitt qui en a conçu de toutes sortes, parfois très complexes, en délègue l'exécution à des assistants en charge de l'application d'un programme préétabli sans la moindre interprétation. À l'inverse, David Tremlett tient à exécuter lui-même le travail. Ses wall drawings, fondés sur l'idée de trace mémorable, sont constitués de signes très divers, en correspondance avec des éléments d'architecture ou de notations sonores consignés dans ses carnets de voyage et transposés à l'échelle du mur.

Si le concept de wall drawing ne permet pas de désigner toute la production graphique sauvage qui relève de l'art des graffiti, il est difficile de ne pas l'y assimiler tant il s'agit bel et bien de dessin, qu'il donne lieu à de simples écritures, comme les tags de Jean-Michel Basquiat ou à la silhouette humaine blanche dont Jérôme Mesnager a recouvert les murs du monde entier. Ce sont là autant de propositions qui inscrivent nouvellement le plan du mur, portant le dessin à une échelle autre.

Il en va de même pour l'usage du néon qui permet à certains artistes de constituer aussi bien des phrases que des textes – ainsi de Joseph Kosuth, pionnier de l'art conceptuel, qui a multiplié ce genre de sentences tautologiques –, voire des compositions plus ou moins abstraites qui prennent place tant sur le mur que dans l'espace – ainsi du đ rococo (2003) que François Morellet a accroché à la façade du musée des Beaux-Arts de Nancy.