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RIVERA DIEGO (1886-1957)

Peintre mexicain, originaire de Guanajuato, Diego Rivera a suivi dans sa jeunesse les cours de l'école des beaux-arts de Mexico. Il se libérera de l'académisme espagnol (en particulier de l'influence de Velázquez) à la suite d'un séjour à Paris. C'est en effet dans la capitale française que le peintre, ami de Modigliani et d'Apollinaire, découvre l'art moderne, et surtout l'avant-garde cubiste. Malgré l'intérêt manifesté pour l'œuvre de Picasso, de Braque et de Juan Gris, l'artiste ne se sent pas à l'aise dans les milieux parisiens, et le cubisme n'exercera sur lui qu'une influence passagère. C'est au Mexique, secoué encore par la révolution, que Rivera trouvera les motivations profondes qui le poussent à rechercher une peinture vraiment originale et sud-américaine. Il élabore alors, avec son compatriote Siqueiros, les fondements d'un « art monumental et héroïque selon l'exemple des grandes traditions préhispaniques d'Amérique ». Cet art ne sera plus uniquement un art de chevalet, aristocratique et de petit format, mais un art monumental dont la vocation sera à la fois didactique (apprendre au peuple le passé) et épique (chanter et peindre les actes des peuples maya et aztèque). Rivera opte, comme Siqueiros et Orozco, pour la technique de la décoration murale. Le peintre n'hésite pas à mener une campagne à Mexico pour la création d'une école de peinture purement nationale où se développera, en outre, un retour à l'estampe populaire. L'artiste élabore, au cours des années vingt, de vastes fresques destinées à des établissements publics ; ces œuvres s'inspirent de l'histoire politique et sociale du Mexique. Une de ses premières peintures murales, La Création, décore l'amphithéâtre Bolívar de l'Université de Mexico (1922). Cette réalisation marque le début d'une série d'immenses peintures murales qui s'échelonnera sur trente-cinq ans et dont on retiendra la décoration du secrétariat de l'Éducation publique (1923-1928), la décoration de la salle des Actes de l'école nationale d'agriculture de Chapingo (1926-1927), le palais de Cortes à Cuernavaca (1930) et enfin les mosaïques du stade de la Cité universitaire (1952).

L'œuvre de Rivera est construite autour d'un dessin toujours ferme et soutenu, et même dans les grandes compositions le peintre ne semble pas vouloir renoncer à la structure spatiale très contraignante de la Renaissance. Contrairement à Siqueiros, qui dans plusieurs œuvres utilise des découpages cinématographiques et exploite les surfaces concaves et convexes des murs, Rivera reste fidèle à la notion de vue frontale, héritée du passé. Ses personnages, rendus selon un procédé simple et lisible, conservent toute leur intégrité physique alors que ceux d'Orozco étaient plus déformés par une démarche de caractère expressionniste. Peut-on donc affirmer que la peinture de Rivera, si ancrée dans les règles du passé, a été véritablement l'expression d'un art moderne sud-américain ? Il est par contre évident que son œuvre a permis à l'art mexicain de s'imposer comme un des plus dynamiques du xxe siècle, parfaitement adapté aux changements sociaux introduits au Mexique par la révolution.

— Charles SALA

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense

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