DINANDERIE
Le mot dinanderie vient du nom de la ville de Dinant en Belgique qui fut, avec Liège, Namur, Huy et l'ensemble de la vallée de la Meuse au Moyen Âge un centre florissant du travail du cuivre et du laiton. La dinanderie désignait alors la fonte du laiton alors qu'aujourd'hui ce mot désigne l'art de battre le métal, essentiellement le cuivre mais aussi l'étain, le maillechort, le laiton et de lui donner forme au marteau. Dans son acception actuelle, la dinanderie fait intervenir deux notions : la technique de fabrication (le montage au marteau) et les matériaux employés. Jusqu'au ixe siècle, le travail du cuivre répondait essentiellement à des besoins utilitaires ; il fallait fabriquer des chaudrons et des ustensiles de cuisine. À partir du xe siècle, il s'étend à la production d'œuvres d'art, surtout d'art religieux. L'œuvre de dinanderie la plus célèbre du xiie siècle est conservée aujourd'hui dans l'église Saint-Barthélemy à Liège, il s'agit des fonts baptismaux exécutés vers 1110, par Renier de Huy pour l'église Notre-Dame-aux-Fonts. La dinanderie va alors connaître une prospérité grandissante et les « batteurs » de Dinant vont se spécialiser dans les objets liturgiques de grande taille : ambons, fonts baptismaux, chandeliers et lutrins, etc. Le lutrin en forme d'aigle du fondeur dinantais Jean Joses, daté 1370, d'une hauteur de plus de deux mètres, et conservé à Notre-Dame de Tongres, est l'exemple le plus célèbre de cette production. En 1466, la ville de Dinant, écrasée par Charles le Téméraire, perd sa prééminence au bénéfice de l'Allemagne et des Flandres. C'est dès lors le déclin pour l'industrie du laiton jusqu'à la fin du xviiie siècle.
Au xixe siècle, le nouvel intérêt pour le Moyen Âge et ses techniques remet à l'honneur le métal martelé. Un des premiers essais est le maître-autel de la cathédrale de Clermont-Ferrand réalisé en cuivre martelé sur un dessin d'Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) et présenté à l'Exposition universelle de Paris en 1855. La firme Monduit, fondée en 1861 par Honoré Monduit réhabilite, elle aussi, cette technique. On lui doit de très nombreux ouvrages, notamment la flèche de Notre-Dame de Paris reconstituée par Viollet-le-Duc en 1857 et, pour le sculpteur Auguste Bartholdi (1834-1904), la statue de la Liberté (baie de New York).
Au xxe siècle, la période 1920-1930 constitue un véritable âge d'or pour la dinanderie française avec le retour en force des pièces artistiques montées au marteau, l'estampage étant réservé aux pièces utilitaires. Aux États-Unis, les œuvres de Gorham et Charles Lewis Tiffany (1812-1902), collectionnées par Samuel Bing (1838-1905) et présentées en 1900 à l'Exposition universelle de Paris, annoncent le renouveau de la dinanderie française. L'Anglais William Arthur Smith Benson (1854-1924), ami très proche de William Morris (1834-1896) ouvre, dès les années 1880 un atelier d'où sortiront pots, services de table et lampes en cuivre très recherchés aux États-Unis et en Europe. En France, les grands dinandiers de la période Art nouveau sont Lucien Bonvallet (1861-1919) et Henri Husson (1853-1914). Le décor naturaliste au repoussé est caractéristique de leur œuvre. Pour la période Art déco, Jean Dunand (1877-1942), et le Lyonnais Claudius Linossier (1893-1953) sont les deux maîtres incontestés. Si Jean Dunand est le génial inventeur de nouvelles techniques (incrustation coulée et laque sur métal), Linossier est le maître de la patine au feu dont il tire d'incomparables tonalités noires, rouges et orange.
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Écrit par
- Marie-Cécile FOREST : conservateur au château de Blois
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Autres références
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MÉTAL ARTS DU
- Écrit par Catherine ARMINJON
- 11 108 mots
- 2 médias
...produits de qualité. Le maillechort était étamé pour permettre le contact avec les aliments, dans le cas des théières et des boîtes à thé par exemple. Le terme dinanderie s'applique plus particulièrement au laiton jaune fondu, auquel était donné un aspect très brillant par polissages fréquents, afin de...