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VILLEPIN DOMINIQUE DE (1953- )

Dominique de Villepin doit sa fulgurante carrière politique à sa relation de confiance avec Jacques Chirac dont il a partagé toutes les décisions à partir de 1995. Nommé Premier ministre, le 31 mai 2005, le surlendemain de l'échec du référendum sur le traité constitutionnel, il a été le troisième chef de gouvernement de la Ve République (après Georges Pompidou et Raymond Barre) à n'avoir jamais brigué un mandat électif au suffrage universel. Moins de trois ans s'étaient alors écoulés depuis son entrée dans les gouvernements de Jean-Pierre Raffarin, d'abord en qualité de ministre des Affaires étrangères (mai 2002-mars 2004) puis comme ministre de l'Intérieur (mars 2004-mai 2005).

Cette éclosion au premier plan sur la scène politique française vient consacrer une patiente progression, entamée sous les meilleurs auspices. Dominique Marie François René Galouzeau de Villepin se flatte d'appartenir à une lignée de serviteurs de l'État : un grand-père militaire, un père entré dans la Résistance à dix-huit ans qui, après avoir représenté Saint Gobain Pont-à-Mousson à l'étranger, est élu sénateur centriste des Français établis hors de France (1986-2004). Son frère et sa sœur, énarques comme lui, font une carrière dans la haute administration (Cour des comptes, tribunal administratif). Fils d'expatriés, né à Rabat (Maroc) le 14 novembre 1953 puis éduqué au Venezuela, Dominique de Villepin a d'abord « rêvé la France avant de la connaître » lors de ses courts séjours d'été en Limousin. Et se targue d'en épouser toutes les causes et d'en aimer tous les symboles. En 1964, la visite officielle du général de Gaulle au Venezuela, dit-il, a éveillé sa fibre gaulliste. Après un parcours universitaire parisien sans faute – licences de lettres et de droit, Sciences-Po et l'ENA (promotion Voltaire 1978-1980) –, il accomplit son service militaire à bord du porte-avions Clemenceau ; puis il prend la direction des affaires malgaches et africaines au Quai d'Orsay, berceau de sa carrière politique.

Adhérent au RPR dès 1977, membre deux ans plus tard du « groupe J », réseau de hauts fonctionnaires fidèles à Alain Juppé, il entre dans « le cercle de confiance » de Jacques Chirac en devenant l'homme des notes de synthèse sur la politique étrangère.

Nommé, en mai 1984 à Washington, premier secrétaire, il prend en charge le service de presse de l'ambassade puis est promu à New Delhi (1989-1992). Il dirige ensuite le cabinet d'Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères (1993-1995). Là, il révèle ses talents de manœuvrier, usant de ses relations avec Jacques Chaban-Delmas pour convaincre celui-ci d'accepter le « parachutage » d'Alain Juppé à la mairie de Bordeaux.

En 1995, l'entrée en lice de Jacques Chirac pour l'élection présidentielle consacre sa place d'éminence grise du futur chef de l'État qui le promeut, en mai 1995, au poste clé de secrétaire général de l'Élysée. En 1997, il est l'inspirateur de la dissolution manquée de l'Assemblée nationale qui remet la gauche en selle. Pour ses détracteurs au sein de son propre parti, il est le « Néron des députés ». Pendant cinq ans, l'homme des formules chocs du président anime une stratégie de harcèlement à l'encontre de Lionel Jospin, chef du gouvernement de cohabitation et futur candidat socialiste à l'élection présidentielle de 2002.

Usant d'un langage cru pour brocarder ses adversaires, il s'inscrit, cependant, dans la tradition des diplomates poètes. Ses recueils – Parole d'exil (1986), Le Droit d'aînesse (1988), Sécession et Élégies barbares (1996) – sont édités à compte d'auteur et chaque essai marque une étape importante de sa carrière. Couronné du prix des Ambassadeurs, [...]

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Écrit par

  • : journaliste, chef de service, responsable des études politiques au journal Le Figaro
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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