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DULIE & HYPERDULIE

La pratique populaire chrétienne consistant à rendre un culte aux saints, avec les excès ou les mépris qu'elle peut entraîner, a amené les théologiens et l'Église officielle à prendre position à ce sujet. On a admis qu'une forme de culte était légitime vis-à-vis des saints, mais en précisant qu'il fallait la distinguer du culte rendu à Dieu lui-même. La doctrine du Concile de Trente, face à la réaction protestante à l'égard de ce qui lui semblait être une idolâtrie larvée, détermina ces niveaux de culte. On convint de dire qu'à Dieu et à chacune des personnes de la Trinité (Code de droit canon de 1917, canon 1255, paragr. 1) doit aller l'adoration : c'est le culte de latrie. Aux saints le culte doit s'adresser comme à des serviteurs de Dieu : c'est le culte de dulie. On excluait ainsi de ce dernier certaines formules ambiguës ; on empêchait qu'il prît une place trop grande dans la vie des chrétiens et l'on évitait toute tentation démiurgique. Reste cependant un cas particulier, celui d'un personnage particulièrement honoré : Marie, la mère de Jésus. On s'adresse à elle comme à quelqu'un d'influent, parfois comme à un être honoré absolument et non seulement par référence à Jésus. Pour essayer de faire droit à un sentiment de la piété chrétienne qui place Marie au-dessus des saints, mais de manière à éviter l'excès évoqué, on convint de réserver à celle-ci le culte d'hyperdulie : Marie est la servante par excellence, située au-dessus des autres serviteurs, mais on ne saurait pourtant l'adorer ou la substituer à Dieu.

— Henri-Jacques STIKER

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