FANTASY
La fantasy est un genre fictionnel aux expressions plurimédiatiques et très diversifiées : prenant le contre-pied de la modernité industrielle, elle fait régner le merveilleux dans des cadres imaginaires, passés ou actuels, à destination d'un large public. Le genre s'est imposé dans notre pays, au tournant des années 2000, sous son nom anglais d'origine. L'énorme succès qu'a connu le cycle des Harry Potter de J. K. Rowling et celui des films adaptés du Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien par Peter Jackson ont imposé le vocable. Auparavant appelée heroic fantasy, du nom d'un de ses sous-ensembles, ce genre était connu à travers des prismes fortement déformants : Conan le Barbare incarné par Arnold Schwarzenegger ou encore le jeu de rôle Donjons et Dragons. La fantasy est pourtant un genre noble et puissant à plus d'un titre ; héritière d'une filiation millénaire qui la rattache aux plus anciennes traditions du merveilleux, porteuse de valeurs morales et habitée par le sens du sacré, elle a inspiré des œuvres importantes dès la fin du xixe siècle.
Histoire
Enfants et adultes
Dès ses origines, dans l' Angleterre victorienne de la seconde moitié du xixe siècle, la fantasy se développe parallèlement en direction d'un double public, enfants et adultes. Le genre poursuit ainsi la tradition d'un rapport privilégié entre la littérature du merveilleux et le jeune public, en lui ouvrant l'accès à d'autres mondes, où la magie multiplie les possibles : « Wonderland » de Lewis Carroll (Alice au pays des merveilles, 1865), « Marvelous Land of Oz » de Franck L. Baum (titre du second volume de la série, commencée en 1900 avec Le Magicien d'Oz), « Neverland » du Peter Pan de James Barrie (1904 pour la première version théâtrale). On a ici autant de lieux rêvés, restés célèbres par les nombreuses adaptations, notamment au cinéma, qui les ont fait connaître. Plus familières aux jeunes anglophones, l'œuvre d'Edith Nesbit, The Story of the Amulet (1905), mérite également d'être mentionnée ainsi que le tendre bestiaire du Vent dans les saules de Kenneth Grahame (1908).
Des écrivains ont également cherché à utiliser les séductions de l'imaginaire pour transmettre un message spirituel. C'est le cas de Charles Kingsley (Waterbabies, 1863) ou de George McDonald (At the Back of the North Wind, 1871), qui écrit aussi pour les adultes (Lilith, 1895). Cette tradition se retrouve dans les œuvres majeures du genre en Angleterre, celles de J. R. R. Tolkien et de C. S. Lewis, qui furent collègues à Oxford et un temps proches amis : l'un catholique, l'autre protestant, tous deux voient dans le mythe une expression éternelle de la croyance et le moyen de la faire éprouver, plus ou moins directement, aux enfants (Bilbo le Hobbit de Tolkien, 1937 ; Narnia de Lewis, 1950-1956) comme aux plus grands (Le Seigneur des anneaux, 1954-1955 ; Till We Have Faces, 1956).
La fantasy se développe donc aussi à destination d'un public adulte. Elle emprunte alors davantage aux réécritures mythiques et aux motifs de la littérature médiévale, romanesque arthurien ou genre épique. Les auteurs en reprennent à leur compte la grandeur des héros et des enjeux, la dimension de sacré immanent et souvent le cadre pré-technologique, où la magie remplace la science. Il s'agit de construire là encore des « mondes secondaires », reliés ou non au nôtre, en proposant des alternatives plus ou moins reculées dans le passé. William Morris, talentueux artiste à l'impressionnante polyvalence, grand représentant du revival médiéval à la fin du xixe siècle anglais, fut également un romancier influent pour la fantasy. Il est l'auteur, à partir de The Story of the Glittering Plains en 1890, d'une série de courts parcours initiatiques et poétiques[...]
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Écrit par
- Anne BESSON : docteure en littérature générale et comparée, maître de conférences à l'université d'Artois, UFR Lettres et arts
Classification
Médias
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