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FIDÉISME

Terme d'origine théologique, appliqué à la doctrine de Bautain et de Lamennais. Cette doctrine a été condamnée en 1838 par les autorités ecclésiastiques. Elle était liée au traditionalisme de Joseph de Maistre et de Bonald. Selon le traditionalisme, la vérité ne peut être connue que par la tradition, non par la raison ; au principe de toute connaissance se trouve une révélation primitive que prolonge et enrichit la révélation chrétienne. D'après le fidéisme, la raison ne nous permet pas de connaître la nature des choses ; elle se borne à observer et à classer les apparences ; seule la foi, illuminant l'intelligence (elle-même intuitive, donc distincte de la raison, qui est analytique), nous fait connaître le fond des choses, c'est-à-dire les réalités spirituelles. En un sens plus précis, le fidéisme exclut que les vérités de foi comportent des préambules rationnels, prennent appui sur des démonstrations, incluent un noyau de rationalité qui pourrait être récupéré par une philosophie autonome. En un autre sens, également théologique, le fidéisme fait consister la foi dans la confiance en Dieu, non dans l'adhésion à des dogmes. Dans tous les cas, le terme fidéisme implique une défiance de la raison ; c'est pourquoi il a une saveur péjorative. De même que le rationalisme tend à surestimer la raison au point de professer que la science est l'unique source de vérité (récusant ainsi par avance toute croyance), de même le fidéisme tend à surestimer la foi au point de professer que la révélation est l'unique garantie du vrai (discréditant ainsi les efforts de toute activité rationnelle).

— Henry DUMÉRY

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Écrit par

  • : professeur de philosophie à l'université de Paris-X-Nanterre

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