FLÛTE
La flûte est sans doute un des instruments dont les origines remontent le plus haut dans l'histoire de l'humanité. Le roseau des marais, le bout de bois creux offerts aux vents subtils ou féroces furent des objets dont les effets ne pouvaient échapper à l'observation.
Notre flûte n'est certes plus ce roseau que connurent les premiers hommes. Elle est le résultat de recherches techniques persévérantes. Sa sonorité est stable, son étendue vaste, sa justesse appréciable. Elle est d'ivoire, d'or, d'argent, de cristal ou de bois précieux. Et pourtant le son est semblable à ce qu'il était autrefois. Un son que l'on peut qualifier volontiers pour le moment de pur, tant il agit sur nous en raison de sa limpidité, tant il nous séduit en ce qu'il rejoint sans doute en nous une qualité de notre être qu'il nous semble essentiel de préserver et de cultiver.
« Que seulement je fasse de ma vie une chose simple et droite, pareille à une flûte de roseau que tu puisses emplir de musique » (Rabindranath Tagore). Ce roseau, comment les premiers hommes s'y sont-ils attachés ? Tout comme la peau tendue offerte au martèlement de la main, ce roseau, ou bien encore cet os devenu peu à peu flûte, parlera un langage compris par tous, nuancé au possible, l'instrumentiste donnant son souffle, l'instrument son timbre. La flûte fera partie intégrante de la vie quotidienne de l'homme. Elle sera intimement mêlée aux rites, aux sacrifices ; elle conduira au supplice, elle participera aux grands cycles de la vie, elle accompagnera l'homme à la chasse ou à la guerre, elle sera chanson éternelle. Sous des formes diverses, on la trouvera probablement partout où il y aura trace humaine. Et sans doute furent-ils multitude à l'avoir découverte.
Le souffle et le son
Toutes les formes de flûtes, si dissemblables d'aspect soient-elles, découlent du même principe acoustique ; la projection d'une lame d'air contre une arête, biseau ou labium.
Dans le cas de la flûte à bec, l'air est canalisé par un conduit et vient buter sur le biseau, l'instrumentiste tenant le bec entre les lèvres.
Dans le cas des autres flûtes (de Pan, droite, traversière), l'instrumentiste applique l'orifice de la flûte contre la lèvre inférieure. Le souffle est canalisé directement par les lèvres et vient buter le côté opposé de l'orifice qui fait office de biseau où se produit de part et d'autre une alternance dans la répartition du souffle, alternance qui provoque l'ébranlement de la colonne d'air. Le son est alors émis, quasi pur, parce que ne donnant que peu d'harmoniques. Une pression accentuée du souffle provoque l'émission de partiels ; si l'on bouche tous les trous, on obtient facilement les cinq ou six premiers. La flûte est à considérer comme un tuyau ouvert aux deux bouts ; le tampon n'intervient que pour l'accord intérieur de l'instrument. Plus la fraction de l'orifice recouverte par la lèvre est grande, plus le son baisse. On connaît toutefois une flûte conique à bout fermé résonnant comme un tuyau ouvert (Congo). La forme de la perce est de la plus haute importance ; la matière (maillechort, argent, diverses espèces de bois tels grenadille, ébène, buis, etc.) ne joue aucun rôle acoustique, à proprement parler.
Le son est entretenu le temps voulu par l'instrumentiste. Il n'y a aucun intermédiaire entre celui-ci et son instrument. La qualité du son est influencée par l'orientation donnée au souffle par les lèvres et par la pression du souffle. Le son sera directement lié à la personnalité de l'instrumentiste.
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Écrit par
- Robert LEURIDAN : professeur au Conservatoire royal de musique de Bruxelles
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