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ROSAY FRANÇOISE (1891-1974)

Françoise Baudy de Nalèche, connue sous son nom de théâtre, Françoise Rosay, a été premier prix de chant au Conservatoire de Paris avant de débuter, fort jeune, au théâtre : elle joue à Saint-Pétersbourg en 1912. Puis elle chante à l'Opéra de Paris de 1916 à 1918. Revenue à la scène en 1930, elle ne cesse plus guère de s'y produire, interprétant, encore en 1972, La Soupière de Robert Lamoureux. L'élément déterminant de sa carrière est sa rencontre avec Jacques Feyder, qu'elle épouse et qui l'oriente de manière décisive vers le cinéma. En 1964, elle rassemble les textes de son époux et ses propres souvenirs sous le titre : Le Cinéma, notre métier (Genève).

À la scène et à l'écran, Françoise Rosay a su, en utilisant une grande variété de dons, devenir une grande professionnelle. N'ayant pu s'imposer comme jeune première, elle a excellé dans les rôles de femme mûrissante, puis de femme mûreet, enfin, de dame âgée. Une présence quasi autoritaire, un instinct sûr qui guidait ses changements de registre dans une même scène (voire, pour certains films, dans un même plan), sa justesse de ton dans les épisodes dramatiques ou émouvants, enfin un humour et plus tard une fantaisie qui savait ne jamais être vulgaire, même dans des situations médiocres, voilà ce qui fit l'essentiel de ses qualités de comédienne. Sa carrière cinématographique internationale, commencée en 1913 avec Falstaff, reprise en 1922 avec Crainquebille de Jacques Feyder d'après Anatole France, relancée par Les Deux Timides (1927) de René Clair, la conduisit à Hollywood, où elle ne parut que dans des films vite oubliés, y compris l'une des tentatives « parlantes » de Buster Keaton (Parlor, Bedroom and Bath, en français : Buster Keaton se marie, 1931). De retour en France, après Le Rosier de Mme Husson (1932), Jacques Feyder la dirige dans Le Grand Jeu (1934) et Pension Mimosas (1935). Elle y incarne successivement une tireuse de cartes romanesque et la tenancière d'un hôtel louche qui tente de dissimuler sa vraie condition au jeune homme dont elle est éprise. Mentionnons aussi Remous (1934) et Marchande d'amour (1935) du cinéaste Edmond T. Gréville. Peut-être le meilleur rôle de Françoise Rosay est-il celui qu'elle tint dans le chef-d'œuvre de Jacques Feyder, La Kermesse héroïque (1935), où sa drôlerie atteignit à la truculence. Elle tourne ensuite Jenny (1936) et Drôle de drame (1937) de Marcel Carné, La Symphonie des brigands (1936) de Friedrich Feher, Carnet de bal (1937) de Julien Duvivier et Les Gens du voyage (1938) de Feyder. En Suisse, elle tourne, à nouveau sous la direction de Jacques Feyder, Une femme disparaît (1941) ; puis ils vont en Grande-Bretagne, où elle fait plusieurs émissions radiophoniques contre les nazis. Dès 1946, elle revient en France (Macadam, 1946, de Marcel Blistène). La suite de sa filmographie comporte l'un des premiers longs-métrages belges de valeur, Le Banquet des fraudeurs (1951) d'Henri Storck, un numéro très réussi en Catherine de Médicis dans La Reine Margot (1954) de Jean Dréville, et des apparitions remarquées dans quantité de mélodrames, de comédies (le plus souvent en « vieille folle » excentrique), voire de films historiques ou policiers. Citons Le Pont des soupirs (1952) d'Antonio Leonviola, Interlude (1956) de Douglas Sirk, Du rififi chez les femmes (1958) d'Alex Joffé, Pas folle la guêpe (1973) de Jean Delannoy.

— Gérard LEGRAND

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