BAZILLE FRÉDÉRIC (1841-1870)
Un peintre qui eut la chance de rencontrer très tôt Monet et Renoir, et de travailler avec eux, la chance de voir son talent vite reconnu par Émile Zola et par de bons critiques comme Edmond Duranty et Zacharie Astruc, la chance aussi de n'avoir jamais été dans le besoin ; mais qui eut le malheur de disparaître très jeune, moins de quatre ans avant la première exposition de groupe de ses amis les futurs impressionnistes, dont il eût sans doute partagé les vicissitudes et la gloire : on pourrait ainsi résumer la brève carrière de Frédéric Bazille, en ajoutant aussitôt que la qualité et la richesse de l'œuvre, fatalement réduite (moins de soixante-dix tableaux), qu'il laissa à la postérité révèlent admirablement les différentes voies qui s'ouvraient à un jeune peintre français au tournant des années 1860.
Une carrière d'à peine sept ans
Né en 1841 à Montpellier, dans un milieu protestant fortuné et cultivé (son père, propriétaire terrien et éleveur, fut sénateur de l'Hérault), Frédéric Bazille put très tôt découvrir chez un voisin ami de sa famille, le célèbre collectionneur Alfred Bruyas, d'importantes œuvres des plus grands maîtres français de l'époque : Corot, Delacroix, Couture, Théodore Rousseau, Courbet... et l'on peut supposer que là s'éveilla sa vocation de peintre. Tout en étudiant la médecine, il suit des cours de dessin auprès d'un sculpteur montpelliérain, Auguste Baussan. En 1862, il part pour Paris afin de poursuivre ses études, dont il va se détourner progressivement au profit de la peinture. À peine arrivé dans la capitale, il entre en effet dans l'atelier du peintre suisse Charles Gleyre, où il rencontre Monet, Renoir et Sisley. En 1863, il passe huit jours à Chailly, près de Fontainebleau : « J'étais avec mon ami Monet, du Havre, qui est assez fort en paysages, écrit-il à sa mère, il m'a donné des conseils qui m'ont beaucoup aidé. » L'année suivante, celle de ses premiers tableaux connus, il fait en juin un séjour à Honfleur, encore avec Monet. Et c'est avec lui qu'il s'installe dans un atelier de la rue Furstenberg, au-dessus de celui de Delacroix, en janvier 1865. Avec lui, la même année, il travaille à nouveau à Chailly, posant pour plusieurs personnages du grand Déjeuner sur l'herbe, que Monet laissera finalement inachevé (et qu'il découpera plus tard en trois morceaux, dont deux sont aujourd'hui conservés à Paris, au musée d'Orsay).
Bazille retourne de temps à autre à Montpellier voir ses parents, séjournant aussi dans le domaine familial de Méric, à quelques kilomètres de la ville, près de Castelnau – beau village qui apparaît au fond de deux de ses œuvres les plus célèbres : La Robe rose, (1864, musée d'Orsay) et la Vue de village, (1868, musée Fabre, Montpellier). En 1866, il change par deux fois d'atelier : après avoir passé quelques mois dans le premier, rue Godot-de-Mauroy, il partage le second, rue Visconti, avec Renoir, et l'année suivante, Monet les rejoint, comme Bazille l'écrit plaisamment à sa mère : « Monet m'est tombé du ciel avec une collection de toiles magnifiques qui vont avoir le plus grand succès à l'Exposition. Il couchera chez moi jusqu'à la fin du mois. Avec Renoir, voilà deux peintres besogneux que je loge. C'est une véritable infirmerie. J'en suis enchanté, j'ai assez de place, et ils sont tous deux fort gais. » Il aide par ailleurs Monet en lui achetant à tempérament Femmes au jardin (1867, musée d'Orsay) et en lui trouvant un acquéreur pour l'une de ses natures mortes. Au cours de l'été 1867, il entreprend le tableau qui est tenu parfois pour son chef-d'œuvre, Réunion de famille (musée d'Orsay), où il affronte la grande difficulté de représenter un groupe de personnages[...]
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Écrit par
- Alain MADELEINE-PERDRILLAT : responsable de la communication de l'Institut français d'histoire de l'art
Classification
Médias
Autres références
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IMPRESSIONNISME
- Écrit par Jean CASSOU
- 9 486 mots
- 32 médias
...Les premiers tableaux des jeunes peintres sont donc de cette tendance, mais avec déjà, la prédominance des tons clairs et de subtils effets de lumière. Frédéric Bazille (1841-1870), qui sera tué à Beaune-la-Rolande, peut apparaître comme bien représentatif des complexités et des promesses de la jeune... -
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