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GARMISCH-PARTENKIRCHEN (JEUX OLYMPIQUES DE) [1936] Contexte, organisation, bilan

Le 7 juin 1933, le C.I.O., réuni pour sa trente et unième session à Vienne, désigne Garmisch-Partenkirchen ville d'accueil des IVes jeux Olympiques d'hiver. L'assemblée ne vote pas : Berlin ayant été élue en 1931 ville organisatrice des Jeux d'été de 1936, Garmisch-Partenkirchen fait valoir son droit de préemption – Jeux d'été et Jeux d'hiver sont censés se dérouler dans le même pays –, alors que Montréal et Saint-Moritz étaient également candidates.

Pour le IIIe Reich, les Jeux d'hiver de Garmisch-Partenkirchen servent en quelque sorte de « répétition générale » avant la tenue des Jeux d'été de Berlin, en août. Des fonds spéciaux sont débloqués, sur ordre de Joseph Goebbels, ministre de la Propagande, afin que la fête nazie soit grandiose. « Ga-Pa », comme on surnomme la station des Alpes bavaroises, propose une gigantesque exhibition à la gloire du führer. En tout domaine, il est question d'apparat et de démesure. Pour la première fois, la cérémonie d'ouverture est l'occasion d'une manifestation grandiose. Dans l'enceinte du stade de neige, tous les participants attendent au garde-à-vous l'arrivée du führer, dont l'entrée, en tenue militaire, est saluée par des « Heil Hitler » retentissants. Après que le chancelier du Reich a proclamé l'avènement de « l'année sportive nouvelle » et déclaré les Jeux ouverts, les fanfares entonnent L'Hymne de l'alliance universelle de Richard Strauss et des salves de canon éclatent dans les montagnes. Pour la première fois, la flamme olympique est allumée aux Jeux d'hiver : elle brûle en haut du tremplin de saut à skis.

Six cent quarante-six sportifs et sportives – un record –, représentant vingt-huit pays, participent à dix-sept épreuves, dont une compétition de ski alpin. Cette épreuve de ski alpin, justement, donne lieu à une polémique : le C.I.O., considérant les moniteurs de ski comme des « professionnels », leur interdit d'y prendre part ; de ce fait, Suisses et Autrichiens la boycottent (quelques Autrichiens sont néanmoins au départ, sous les couleurs de l'Allemagne).

Au regard de l'Histoire, les résultats sportifs sont peu de chose. Il convient néanmoins de saluer la performance du Norvégien Ivar Ballangrud, qui s'adjuge trois médailles d'or et une médaille d'argent en patinage de vitesse. Devancée en 1932 par les États-Unis, la Norvège retrouve son leadership : ses représentants obtiennent sept médailles d'or, cinq médailles d'argent et trois médailles de bronze, soit quinze médailles au total. Suit l'Allemagne, ses concurrents offrant au IIIe Reich trois médailles d'or (dont les titres masculin et féminin en ski alpin) et trois médailles d'argent. La Suède (deux médailles d'or, deux médailles d'argent, trois médailles de bronze) est troisième. La France ne remporte qu'une médaille de bronze (Émile Allais se classe troisième du combiné alpin), ce qui lui vaut la dixième place, ex aequo avec la Hongrie. Onze pays obtiennent une médaille au moins.

— Pierre LAGRUE

Bibliographie

M. Berlioux, Un hiver olympique. Garmisch-Partenkirchen, 1936, Atlantica, Biarritz, 2008

P. Lagrue, Le Siècle olympique. Les Jeux et l’histoire (Athènes, 1896-Londres, 2012), Encyclopædia Universalis, Paris, 2012

C. Mogore, La Grande Histoire des jeux Olympiques d’hiver, Agraf, 1989

É. Monnin, Un siècle d’olympisme d’hiver, de Chamonix à Vancouver, Desiris, Gap, 2010

N. Vallet, Jeux Olympiques d’hiver, 1924-1988, La Manufacture, 1988.

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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