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CHEIMONAS GEORGES (1938-2000)

Né à Kavala en Macédoine grecque le 16 mars 1938, Georges Cheimonas est le cadet d'une famille de trois enfants. Son père, originaire de Thessalie, est employé de banque. Sa mère, femme au foyer, est une réfugiée grecque d'Asie Mineure chassée de Turquie en 1922. En avril 1941, la Grèce est occupée par les forces de l'Axe. Kavala se trouve en zone d'occupation bulgare. Sofia, alliée zélée de Berlin, « bulgarise » violemment la Thrace et la Macédoine orientale grecques. La famille Cheimonas préfère s'installer à Salonique occupée par les Allemands. Georges Cheimonas y fait ses études puis intègre l'université de médecine de Salonique. Il se spécialise à l'université d'Athènes de 1962 à 1964. En 1965-1966, il poursuit ses études « post-doctorales » en neuro-psychiatrie à Paris aux hôpitaux de La Pitié-Salpêtrière et Sainte-Anne, puis rentre en Grèce début 1967, où il est nommé assistant à l'université de médecine d'Athènes. S'il n'a jamais été membre d'un parti politique de gauche, son appartenance à une famille cataloguée comme progressiste fait qu'il est chassé de l'Université en 1967, à la suite du coup d'État des colonels. Il se replie alors sur son cabinet privé. Dans la mesure où il ne milite pas, il ne s'attire pas les foudres de la dictature.

En 1960, Georges Cheimonas publie son premier livre, Pisistrate, édité à Salonique chez Nikolaïdis. Essayiste et prosateur, il est aussi le traducteur en grec moderne de Sophocle, d'Euripide, de Shakespeare et d'adaptations de Racine. En 1964, il publie à Athènes L'Excursion, aux célèbres éditions Kedros. Il restera fidèle à son éditeur jusqu'à la fin de sa vie. Deux ans plus tard, il donne Roman, et, en 1971, Le Docteur Inéotis. Après la chute de la dictature des colonels en juillet 1974, il publie Le Mariage (1974) dont certains passages font allusion à la révolte des étudiants de l'École polytechnique en novembre 1973, puis Le Frère (1975) et Les Bâtisseurs (1979). Après cinq ans de silence, vient un recueil de trois nouvelles sur ses multiples séjours à Paris : Mes Voyages (1984). L'année suivante, il reçoit le premier prix national de la Nouvelle, à Athènes. Ses écrits se font plus rares. Il publie en 1990 son dernier ouvrage, L'Ennemi du poète.

À l'avant-garde de la prose néo-hellénique dès sa première parution, Georges Cheimonas est un des rares écrivains grecs à avoir puisé son inspiration dans la langue elle-même. Ce n'est donc pas un hasard s'il a été le traducteur en grec moderne des Anciens. Neuropsychiatre de formation, il crée une écriture fondée essentiellement sur la logique du rêve, impliquant une perturbation voulue de l'enchaînement des événements et des métamorphoses des personnages. Fidèle à cette logique jusque dans la syntaxe et la ponctuation, il façonne une langue imagée, proche de la poésie. Ses thèmes puisent dans l'inconscient collectif porté par l'hellénisme passé et contemporain : Prométhée, les présocratiques, la guerre civile de 1946-1949.

À partir de 1990, Georges Cheimonas se consacre essentiellement à la traduction. En 1998, il démissionne de son poste de professeur des universités et ferme son cabinet privé de psychiatre et de neurologue. Il laisse quatre œuvres inachevées : Phédra, Prométhée, La Garde, La Maison de Gertrude. Intellectuel de gauche, c'était un homme libre, voire renfermé, peu attiré par les mouvements, écoles et autres groupes.

— Christophe CHICLET

Bibliographie

Ouvrages traduits en français : Roman, trad. M. Volkovitch, Noël Blandin, Paris, 1990 ; Les Bâtisseurs, trad. M. Volkovitch, Maurice Nadeau, Paris, 1990 ; L'Ennemi du poète, trad. M. Volkovitch, Maurice Nadeau, 1991 ; Le Docteur Inéotis, trad. M. Volkovitch, Noël Blandin,[...]

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Écrit par

  • : docteur en histoire du xxe siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée

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