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DUHAMEL GEORGES (1884-1966)

Une âme frémissante, inquiète et généreuse ; une voix intime et fraternelle qui va droit au cœur ; une vive et ardente présence au sein des souffrances et des angoisses humaines, tels nous apparaissent la figure de l'écrivain français Georges Duhamel, le ton de son œuvre, la mission qu'il s'est assignée. Médecin et humaniste avant tout, il s'est refusé aux jeux de la littérature, aux exercices de style, aux prouesses formelles : il a voulu « être un ami, aider à vivre, à souffrir et à guérir ».

Le témoin

Né à Paris en 1884, Duhamel, après une enfance pauvre et difficile, entreprend des études de médecine et de biologie ; très jeune, il consacre ses loisirs aux lettres : il publie avant 1914 des recueils de poèmes, des pièces de théâtre, des essais critiques. Pendant la guerre, servant comme médecin militaire, il découvre avec horreur les monstrueux rouages de la machine à tuer, l'infinie souffrance des corps et des âmes. Cette expérience bouleversante inspire les récits qui le rendent célèbre : Vie des martyrs (1917) et surtout Civilisation (1918) ; elle fixe définitivement le sens de sa vie et de son œuvre. Jusqu'à sa mort, en 1966, l'écrivain comblé d'honneurs et de joies familiales, l'académicien, le grand bourgeois libéral et éclairé défendra avec ferveur les droits de l'esprit et la civilisation en péril : idéal pathétique qui domine et unifie un ensemble considérable et touffu de chroniques, de mémoires, de romans et d'essais.

Pour évoquer ses récits de guerre, Duhamel a, le premier, parlé d'une littérature de témoignage, celle « où l'évidence des objets rend superflue toute conclusion ». Il l'oppose à la littérature de convention, qui maquille la vérité, flatte les passions et endort la conscience. Cette œuvre de lucidité, d'intuition et de bonne foi, Duhamel l'a poursuivie tout au long de sa vie.

Témoignage, d'abord, sur la guerre : ce n'est pas l'indignation véhémente de Barbusse ni l'amère réflexion d'Alain. Des tableaux brefs, simples, nus ; le médecin nous donne à voir les chairs crucifiées qu'il a soignées et à ressentir les blessures des âmes naïves et désemparées. Pas de réquisitoire ni de commentaires indiscrets : la transparence exquise d'un style qui atteint à une perfection toute classique traduit d'elle-même « la grandeur lugubre de l'époque ». Témoignage, ensuite, sur le monde : directeur du Mercure de France, chroniqueur au Figaro, Duhamel n'a pas jugé vain de partager au jour le jour les préoccupations de ses compatriotes en essayant de leur rendre espoir et courage ; grand voyageur, il fuit les facilités de l'exotisme et les séductions du pittoresque : sa « géographie cordiale » n'évite pas toujours la naïveté ou l'approximation (Le Voyage de Moscou, 1927 ; Scènes de la vie future, 1930), mais elle ne perd jamais de vue l'essentiel, les cœurs et les destinées des hommes. Témoignage, enfin, sur l'écrivain lui-même : Duhamel se penche avec un sourire nostalgique, mais sans complaisance, sur ses années d'enfance et de formation (Inventaire de l'abîme, Biographie de mes fantômes, Le Temps de la recherche, La Pesée des âmes). Ces Mémoires pleins de charmes et de délicatesse ne révèlent ni orgueil ni forfanterie : moraliste et éducateur, Duhamel nous fait participer à son apprentissage de la vie.

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, agrégé de lettres, docteur ès lettres, professeur à l'université de Clermont-II

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Autres références

  • GUERRE MONDIALE (PREMIÈRE) - La santé aux armées

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    ...par le tir de la mitrailleuse ennemie au sortir de la tranchée ou atteint par les gaz de combat, est la victime par excellence de l’anomie du combat. Georges Duhamel, médecin dans une ambulance de l’immédiat arrière-front, a dressé de ces blessés des portraits poignants dans Vie des martyrs, en...