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GHRÉLINE

La ghréline est une hormone naturelle isolée de l'estomac de certains mammifères, dont l'homme, par l'équipe japonaise de Kosima (Nature, no 402, pp. 656-660, 1999).

Lorsqu'on l'injecte par voie intraveineuse ou dans le ventricule cérébral, ce peptide relâche l'hormone de croissance, growth hormone, ou GH (d'où le GH de ghréline). La ghréline a ainsi rapidement montré son effet principal sur la stimulation de l'appétit.

Sécrétée par des cellules spécifiques de l'estomac peu avant le repas et à son tout début, elle déclenche la faim, provoquant la prise de nourriture. Cette action est relayée par le noyau arqué de la base du cerveau qui est également capable de produire de la ghréline.

La ghréline agit directement sur une population de neurones contenant les neurotransmetteurs peptidiques appelés neuropeptide Y (NPY) et agouti related peptide dont le rôle orexigène est bien connu : ils stimulent l'appétit.

De plus, la ghréline bloque d'autres peptides inhibant la prise de nourriture, essentiellement la pro-opio-mélanocortine (POMC).

Au niveau hypothalamique, la ghréline a donc l'effet inverse de celui de la leptine. Celle-ci, produite par les adipocytes, sert à déclencher la sensation de satiété.

Lorsque l'estomac se remplit, la production de ghréline diminue. À noter qu'il existe un pic spontané de ghréline vers 1 heure du matin pouvant induire chez les insomniaques une prise alimentaire nocturne.

Son rôle est confirmé dans deux situations pathologiques :

–  d'une part, dans le syndrome de Willi-Prader, où l'on note une corrélation troublante entre l'hyperphagie avec absence de satiété (et son corollaire, l'obésité) et un taux sanguin de ghréline près de cinq fois supérieur à la normale ;

–  d'autre part, et à l'inverse, l'anastomose gastro-jéjunale proposée chez certains sujets obèses fait baisser le taux plasmatique de ghréline ; celui-ci ne s'élève pas au début des repas, faute de contact direct avec les cellules à ghréline de la paroi stomacale, et l'hormone, d'abord stimulée de façon continue, voit finalement sa sécrétion se tarir.

Quant à l'action de la ghréline sur l'hormone de croissance, elle donne lieu à d'intéressants travaux.

Il existe enfin d'autres voies de recherche concernant cette hormone dont l'injection intraveineuse a aussi un pouvoir de relâche sur plusieurs hormones : le cortisol des corticosurrénales, l'ACTH, et la prolactine hypophysaire.

La ghréline est l'hormone principale du déclenchement de l'appétit, même si elle n'est pas la seule – on connaît en effet le rôle de l'hypoglycémie (relative) et donc de l'insuline dans la sensation de faim. La maîtrise de cette hormone, en particulier la fabrication d'un inhibiteur, ouvrirait certainement la voie à des traitements prometteurs de l'obésité.

— Jean-Pierre CHARVET

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Écrit par

  • : endocrino-pédiatre, C.H.U. Timone (Marseille), ancien chef de clinique pédiatrique, ancien chef de service pédiatrie C.H.G. d'Hyères

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