HABITAT L'habitation africaine au sud du Sahara
Organisé sans le concours de spécialistes diplômés et de techniciens patentés, l'habitat de l' Afrique noire est souvent considéré comme « primitif », dénué de qualités ; pour beaucoup de nos contemporains, il doit, irrévocablement, céder la place aux architectures importées ; tout au plus accorde-t-on parfois quelque intérêt au Sahel, en Afrique orientale, à des formes de construction venues, dit-on, avec l'islam. Il a fallu très longtemps pour rendre aux Africains les Zimbabwe qui ponctuent le sud du continent (voir Le Grand Atlas de l'architecture mondiale, Encyclopædia Universalis, pp. 80-81). Jusqu'à une période très récente, seuls quelques anthropologues, géographes, quelques rares architectes ont prêté attention aux demeures des Noirs ; archéologues et historiens ont tardé encore plus ; dès lors, le déséquilibre est immense entre l'information scientifique dont nous disposons, pour les constructions européennes anciennes ou actuelles, et celle, encore très mince, qui peu à peu dégage l'habitat africain d'une ombre millénaire. La recherche archéologique a révélé que le souci de protéger les groupes humains par des abris construits remonte, en Afrique orientale, à plus d'un million d'années, que les techniques de la voûte de briques, dite nubienne, étaient déjà connues sous l'Ancien Empire égyptien, que la fabrication des briques crues existait dans la boucle du Niger, dès le début de l'ère chrétienne, que l'organisation concertée de l'espace d'habitation était chose courante, du nord au sud du monde noir, longtemps avant tout contact avec l'islam. Il n'existe cependant, par défaut de recherches, aucune histoire complète de l'habitat africain ; il serait présomptueux d'en esquisser ici les grandes lignes. Même les monographies « ethnologiques » sont de valeur et de niveau très inégaux. On doit actuellement se contenter de dégager quelques traits généraux clairs, et il faut souhaiter que les études progressent beaucoup dans les décennies prochaines ; non sans souligner que l'habitude, paresseuse, qui consiste à diviser le continent entre un nord – » blanc » – et un sud – » noir » – ne comporte pas que des avantages : elle interdit, par exemple, d'effectuer des comparaisons entre les constructions de terre appartenant à différentes zones.
Des constructions édifiées sans technologies architecturales, à l'aide de matériaux fragiles
Comme dans toutes les autres parties du monde, les Africains ont emprunté leurs matériaux de construction à l'environnement immédiat, et les exemples de transport de matériaux sur de longues distances sont rares ; en Afrique, l'exploitation excessive de certains matériaux a probablement conduit à des ruptures écologiques : c'est certainement le cas à Madagascar, où la demande de bois pour les demeures est en partie responsable d'une déforestation dangereuse.
La chaleur, souvent accablante, interdit l'emploi d'accumulateurs de chaleur – comme la pierre nue ou même le béton et la tôle ondulée – et conduit à utiliser des matériaux calorifuges, largement disponibles, comme la terre et les végétaux. La chaleur impose en outre de réaliser une circulation intense de l'air, malgré la rareté des ouvertures, en facilitant l'évacuation de l'air chaud par le haut des pièces. Les brusques et terribles tornades peuvent emporter les demeures ; elles rendent leur effondrement très dangereux si les matériaux de construction sont lourds et les étages nombreux : c'est pourquoi la construction « à terre » est la règle, là où l'espace n'est pas limité. Le ruissellement massif sape les murs de terre mal isolés ; il rend, dans tous les cas, très improbable une longue durée de la demeure. Les rapports sociaux, le désir de concilier la vie des individus et la cohésion des groupes[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean DEVISSE : professeur émérite à l'université de Paris-I
Classification
Médias
Autres références
-
ABSALON ESHER MEIR dit (1964-1993)
- Écrit par Jean-Marc HUITOREL
- 1 018 mots
L'artiste Esher Meir, dit Absalon, est né en 1964 à Ashdod en Israël. Il est mort à Paris en 1993. Sa carrière fulgurante aura duré à peine six années. Très vite connu et reconnu, il a produit une œuvre homogène et d'emblée identifiable, à la fois représentative de l'art au tournant des années...
-
AFRIQUE NOIRE (Arts) - Aires et styles
- Écrit par Claire BOULLIER , Geneviève CALAME-GRIAULE , Michèle COQUET , Encyclopædia Universalis et François NEYT
- 15 157 mots
- 2 médias
...devise poétique des ancêtres fondateurs les appelle « Équilibreurs de degrés », en hommage à leur travail titanesque d'aménagement de ces chaos de rochers. Les grandioses constructions des Tellem, greniers en forme d'obus ou maisons flanquées de petites tours carrées, protégées par les auvents de la falaise,... -
ALGÉRIE
- Écrit par Charles-Robert AGERON , Encyclopædia Universalis , Sid-Ahmed SOUIAH , Benjamin STORA et Pierre VERMEREN
- 41 845 mots
- 25 médias
...années 1970. La loi sur les réserves foncières communales de 1974, qui a permis la municipalisation du foncier dans les périmètres urbains des villes, a ouvert la voie à l'habitat individuel sur des lots souvent attribués dans le cadre de coopératives immobilières, des structures qui, en réalité,... -
ANDO TADAO (1941- )
- Écrit par François CHASLIN
- 1 886 mots
- 1 média
Parmi ses premières œuvres, celle qui lui valut sa réputation et que l'on peut considérer comme inaugurale (restée d'ailleurs à ce jour peut-être la plus forte) consiste en une petite maison privée, de deux niveaux, bâtie en 1976 à Ōsaka dans le quartier de Sumiyoshi. Serrée sur un terrain de 3 mètres... - Afficher les 117 références