HEERUP HENRY (1907-1993)
Peintre et sculpteur danois, né à Copenhague en 1907. « Immédiatement danois, dans ses toiles, ses sculptures, ses assemblages, ses bouts de fer », c'est ainsi que le poète et historiographe du groupe CobraChristian Dotremont qualifie Henry Heerup. C'est dans l'inépuisable monde de fraîcheur, de spontanéité, de réalisme et de surréalisme, de fantaisie et de fantastique qu'est l'art populaire danois, que Henry Heerup puisera matière à se détourner de tout académisme pour élaborer une œuvre spontanée et personnelle en dehors des grands courants européens. En cela, il rejoint ses compatriotes Asger Jorn, C. Henning Pedersen, E. Bille, R. Mortensen, et c'est dans le sens d'un retour aux sources situé en dehors de tout intellectualisme qu'il suivra avec eux, le temps de quelques expositions, les chemins du mouvement de révolte nordique que fut Cobra. Mais l'œuvre de Heerup, entièrement fondée sur un contact étroit et simple avec la nature et sur les sentiments humains fondamentaux, ne peut se comparer avec l'élan violent et profondément révolutionnaire qui soutient Jorn tout au long de sa carrière. Tout d'abord peintre (c'est dans la classe de peinture de l'Académie royale d'art de Copenhague qu'il fait ses études), Heerup donne libre cours à sa spontanéité. Il couvre la surface de la toile de grandes figures largement stylisées, et, dans une couleur violente et passionnée, mêle étroitement les êtres humains, les animaux, et les visions baroques et symboliques d'une imagination pleine de naïveté et de fantaisie (L'Enfant à la mamelle, 1935, coll. Dangaard Hansen, Copenhague ; La Mère de l'artiste, 1943, The Esbjerg Museum ; Le Moulin de Chio, 1954, musée Louisiana, Humlebaek).
Sculpteur, Heerup affronte la pierre rigoureuse et pure en lui laissant ses données fondamentales, et s'inspire de la sculpture viking, ou bien il assemble avec humour et fantaisie tout un bric-à-brac d'objets hétéroclites dans ses « modèles au rebut » (La Colonne au hibou, s.d. ; Le Chat du musée, 1950, musée des Beaux-Arts, Copenhague ; le Monument de circulation, 1971, présenté à la biennale de Venise en 1972). Quel que soit le matériau utilisé, l'œuvre de Heerup s'inscrit toujours dans le sens d'un langage qui reste attaché à la réalité et qui entretient avec la nature des rapports familiers et cordiaux de simplicité et de libre inspiration.
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Écrit par
- Maïten BOUISSET : critique d'art
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