Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

HÉRALDIQUE

L'héraldique est la science historique qui a pour objet l'étude des armoiries. C'est une discipline méconnue qui a longtemps eu mauvaise réputation, notamment en France. À cela de multiples raisons, dont la principale se trouve sans doute dans la confusion trop souvent faite entre noblesse et port d'armoiries. Le grand public croit que les armoiries ont toujours été des marques de noblesse et que seuls ont pu en porter les individus et les familles qui étaient nobles. Or jusqu'au début du xixe siècle, nulle part en Europe, l'usage d'armoiries n'a été réservé à une classe ou catégorie sociale privilégiée. Bien au contraire, toujours et partout, chacun a été libre d'adopter des armoiries et d'en faire l'emploi de son choix, à la seule condition de ne pas usurper celles d'autrui.

L'erreur qui assimile armoiries et noblesse semble dater de la Révolution française. Dans sa séance du 19 juin 1790, l'Assemblée constituante décréta la suppression des armoiries en même temps qu'elle décidait celle de la noblesse, des titres, des fiefs, des ordres de chevalerie, des livrées, etc. Par un jugement sommaire, les armoiries furent assimilées à des « signes de féodalité » et donc abolies. Or si les constituants avaient bien regardé autour d'eux, ils auraient constaté qu'à la fin de l'Ancien Régime toutes les corporations, toutes les institutions et administrations, tous les échevins, la plupart des marchands et de nombreux artisans portaient des armoiries. Mais le pli était pris et, malgré leur restauration au début du xixe siècle, les armoiries ne purent jamais retrouver en France la place qui était la leur jusqu'à la fin du xviiie siècle. Et cependant, en France comme dans les pays voisins, les armoiries se rencontrent partout, sur tous les objets, monuments et documents que le passé nous a transmis.

D'autres motifs ont fait que l'héraldique soit longtemps restée une discipline négligée ou réprouvée. Parce qu'elle a fréquemment constitué le domaine réservé des généalogistes, parfois plus marchands de vanités nobiliaires qu'historiens rigoureux, la science des armoiries a souvent été un objet de méfiance pour la recherche scientifique et universitaire. Or il s'agit d'une science auxiliaire de l' histoire à part entière, au même titre que la numismatique, l'épigraphie ou la paléographie. Depuis les années soixante est heureusement apparue une héraldique nouvelle, ni généalogique ni nobiliaire, une héraldique qui non seulement s'efforce d'appliquer à l'étude des armoiries les règles rigoureuses de la critique historique, mais qui tente également d'élargir ses champs d'investigation, en soulignant combien les armoiries constituent un document exceptionnel dans un domaine moteur des recherches historiques récentes : l'histoire des mentalités. En effet, peut-être plus que toute autre, la société occidentale s'est reflétée dans ses emblèmes et semble avoir trouvé, à partir du xiie siècle, dans les armoiries – une création emblématique qui lui est propre – le lieu privilégié de sa symbolique sociale.

Histoire des armoiries

Les transformations subies par les armoiries entre le xiie et le xxe siècle rendent malaisé l'établissement d'une définition. La plus complète et la plus satisfaisante reste celle qu'a proposée Rémi Mathieu en 1946 (Le Système héraldique français, p. 13) : « Les armoiries sont des emblèmes en couleurs, propres à une famille, à une communauté ou, plus rarement, à un individu, et soumis dans leur disposition et dans leur forme à des règles spéciales qui sont celles du blason. Certains caractères distinguent nettement les armoiries des autres emblèmes : servant le plus souvent de signes distinctifs à des familles, à des groupes de personnes[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : archiviste paléographe, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification

Autres références

  • ABEILLES IMPÉRIALES

    • Écrit par
    • 433 mots

    Mouches et cigales font partie du mobilier funéraire mérovingien ; dans la civilisation de la steppe, la cigale est symbole de résurrection du fait de ses métamorphoses et, selon Édouard Salin : « La cigale mérovingienne évoque l'idée d'immortalité et elle est, plus ou moins indirectement, un...

  • AIGLE IMPÉRIALE

    • Écrit par
    • 542 mots

    Oiseau de Zeus puis de Jupiter, patron de Rome, l'aigle fut employé par les Barbares qui le considéraient comme le symbole de l'Être suprême (Édouard Salin). Des indices prouvent que Charlemagne l'employa au sommet du mât de ses navires (denier de Quentovic, après 804) et en mit...

  • ARMES, héraldique

    • Écrit par
    • 1 012 mots

    Le droit aux armes (composition dans un écu) et aux armoiries (l'écu plus ses ornements extérieurs) s'est progressivement dégagé au cours des siècles dans les diverses nations de l'Occident chrétien, mais de façon, parfois assez dissemblables. Prises par les chevaliers qui les arboraient sur écus...

  • ARMORIAL

    • Écrit par
    • 725 mots

    Collection d'armes (composition dans un écu) ou d'armoiries (l'écu et ses ornements extérieurs), l'armorial est composé de descriptions ou de représentations ou encore des deux à la fois, avec l'avantage de préciser des détails ou des figures difficiles, mais avec la possibilité de disparités entre...

  • Afficher les 14 références