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HOUSSAYE ARSÈNE HOUSSET dit ARSÈNE (1815-1896)

Né à Bruyères, dans l'Aisne, issu d'une famille d'agriculteurs, Arsène Houssaye joua un rôle important à son époque par une production littéraire abondante et fort diverse, mais surtout par son rôle et son influence sur la vie artistique du xixe siècle.

S'étant sauvé de chez lui à l'âge de dix-sept ans, il gagne Paris et fréquente l'impasse du Doyenné. En 1843, il devient directeur de L'Artiste où collaborent ses anciens compagnons de bohème : Gautier, Nerval, Esquiros, entre autres. Il se flattera d'y accueillir, ainsi que plus tard à La Presse dont il sera également directeur, nombre de jeunes talents ; Théodore de Banville, Henri Murger, Charles Monselet, Champfleury et Baudelaire débuteront effectivement sous son égide.

Le rôle de ces revues fut important, non seulement parce qu'on y trouve les noms les plus prestigieux de plusieurs générations d'écrivains, mais parce qu'elles furent un centre constant d'échanges entre artistes et de réflexion critique. Directeur éclairé de revues d'avant-garde, Arsène Houssaye n'en obéira pas moins à bien des impératifs commerciaux. Baudelaire devra attendre deux années avant de voir imprimer son premier manuscrit, et une triste querelle opposera les deux hommes en 1862 à propos des Petits Poèmes en prose qui paraissent en feuilleton dans La Presse. Houssaye accusera le poète de lui avoir livré des textes déjà publiés, reproche recouvrant en fait la peur de choquer les lecteurs par les « audaces » de certains poèmes que Baudelaire se refuse à supprimer. Il s'ensuivra une rupture de contrat d'autant plus navrante que le poète, à la fin de sa vie, se trouve moralement épuisé et dans une situation financière précaire.

Houssaye collaborera aussi de façon intermittente à La Revue des Deux Mondes et à La Revue de Paris (« Galerie de portraits du xviiie siècle »).

En 1848, il participe au mouvement réformateur qui précède la révolution, harangue picards et champenois au fameux banquet des étudiants ; il se présente aux élections législatives dans le département de l'Aisne, mais est supplanté par Odilon Barrot.

De 1849 à 1856, Houssaye assume la direction de la Comédie-Française qu'il réorganise et rajeunit, donnant notamment des représentations des œuvres de Hugo, de Dumas et de Musset. À sa démission, il est nommé inspecteur des musées de province.

Après 1870, il tente une nouvelle et infructueuse incursion dans la vie politique par la fondation de La Gazette de Paris. Il fonde enfin La Revue de Paris et de Saint-Pétersbourg.

Houssaye fut un personnage trop « officiel » pour n'être pas quelque peu conformiste et son œuvre, surtout tournée vers l'étude de mœurs, se ressent surtout des qualités de l'homme du monde : culture et finesse, sensibilité et bon goût. Elle atteste du moins le souci romantique d'abattre les barrières entre genres littéraires et d'élargir leur champ d'action, ce qui, chez lui, profite surtout au critique. Ajoutons enfin que, Diane ou Vénus, grande dame ou grisette, la femme semble être au centre de ses préoccupations littéraires, comme en témoignent les titres de ses ouvrages.

Parmi ceux-ci, on peut retenir des romans : La Couronne de bleuets, La Pécheresse, La Vertu de Rosine, Les Trois Sœurs, Mademoiselle Mariani, Mademoiselle Rosa, les Confessions (six volumes de témoignages sur lui-même et sur ses contemporains) ; des pièces de théâtre : Les Caprices de la Marquise, La Comédie à la fenêtre, Le Duel à la tour ; des recueils de poésie : Les Sentiers perdus (1841), La Poésie dans les bois (1845), La Symphonie de vingt ans (1867), Cent et Un Sonnets (1873), et un ensemble important d'essais d'histoire de l'art et de critique, dont se détache son Histoire du quarante et unième fauteuil de l'Académie française [...]

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  • ARTISTE L', revue d'art

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    ...détriment du théâtre et de la vie mondaine ? Ce qui est sûr, c'est que cette série de transitions permet la montée en puissance d'un jeune loup du Paris artistique et littéraire,Arsène Houssaye. Il transforma L'Artiste en tribune pour promouvoir un petit groupe soudé par de forts liens personnels.
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