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VAN DER GOES HUGO (1440 env.-1482 ou 1483)

Étoile filante de la peinture flamande du xve siècle, Hugo Van der Goes est, avec Dirk Bouts, le peintre le plus original de la génération qui suit directement les premiers Primitifs flamands. Fortement empreint de l'art de Jan Van Eyck et de Rogier Van der Weyden, Van der Goes développe un style expressif très personnel qui aura un impact durable bien au-delà des Pays-Bas. Si peu d'œuvres de sa main ont pu être conservées, de nombreuses copies de tableaux perdus attestent le succès du peintre et permettent de reconstruire sa production. Sa courte carrière, le caractère extrêmement original et tourmenté de son art, son entrée en religion, ainsi que la maladie mentale qui devait avoir raison de lui, ont contribué à créer autour de l'artiste le mythe d'une personnalité à la fois maudite et géniale.

Diptyque, H. Van der Goes - crédits :  Bridgeman Images

Diptyque, H. Van der Goes

<it>L'Adoration des bergers</it>, H. Van der Goes - crédits :  Bridgeman Images

L'Adoration des bergers, H. Van der Goes

De Gand au Rouge-Cloître

Les origines de l'artiste et ses premiers pas dans la profession ne sont pas documentés. Probablement né à Gand vers 1440, il acquiert la franchise du métier des peintres en 1467. Le lieu de sa formation reste un sujet largement controversé. Il pourrait avoir suivi son apprentissage chez le peintre Joos Van Wassenhove (Juste de Gand), qui intervient comme garant lors de son inscription à la gilde. En tout état de cause, Hugo Van der Goes est à l'époque de sa maîtrise un artiste en vue, qui monte rapidement dans la hiérarchie corporative pour devenir doyen du métier à deux reprises de 1473 à 1476. Au cours de sa période gantoise, le peintre réalise des travaux de décoration urbaine, à l'occasion notamment du mariage et de la joyeuse entrée de Charles le Téméraire et de Marguerite d'York. Il travaille aussi pour d'importants commanditaires privés, tel Tommaso Portinari, le représentant des Médicis à Gand. Sans être à la tête d'un atelier, Van der Goes a certainement fait appel ponctuellement à des assistants pour mener à bien ses nombreuses commandes.

Vers 1475, le peintre quitte Gand en pleine gloire, pour se retirer au couvent augustin du Rouge-Cloître près de Bruxelles. Les raisons de ce choix restent obscures, mais elles tiennent sans doute au tempérament anxieux et torturé du peintre, bien décrit par son compagnon de noviciat Gaspar Ofhuys. Loin des gloires mondaines, le peintre jouit d'un régime de faveur et continue de pratiquer son art, recevant parfois des visiteurs de marque, tel l'archiduc Maximilien. En 1480-1481, il est chargé par les autorités de la Ville de Louvain d'évaluer la Justice d'Othon de Dirk Bouts, tableau de justice accroché dans la salle du Conseil et laissé inachevé à la mort du peintre. La santé mentale de Van der Goes se détériore. Au retour d'un voyage à Cologne, vers 1481, il est saisi d'une crise de folie. L'attaque est soudaine et de courte durée. Mais après une brève période d'amélioration, le peintre meurt au Rouge-Cloître entre Pâques 1482 et 1483.

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Diptyque, H. Van der Goes - crédits :  Bridgeman Images

Diptyque, H. Van der Goes

<it>L'Adoration des bergers</it>, H. Van der Goes - crédits :  Bridgeman Images

L'Adoration des bergers, H. Van der Goes

<it>Triptyque Portinari</it>, H. Van der Goes - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Triptyque Portinari, H. Van der Goes

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