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IBN BAṬṬŪṬA (1304-1368 ou 1377)

Écrivain de langue arabe et l'un des plus grands voyageurs de tous les temps, Ibn Baṭṭūṭa est l'auteur d'un récit de voyage (Rila) qui, par l'ampleur du champ parcouru et les qualités du récit, constitue une des œuvres de la littérature universelle (Rila, édition et traduction française par C. Defrémery et B. R. Sanguinetti, 4 vol., 1853-1859 ; réédition, avec préface et notes par V. Monteil, Voyages d'Ibn Baṭṭūa, 1968 ; édition, avec préface de K. al-Bustānī, Beyrouth, 1960 ; traduction anglaise par H. A. R. Gibb, The Travels of Ibn Baṭṭūa, 1958-1971).

Né à Tanger et d’ascendance berbère, Ibn Baṭṭūṭa est voué à un exil continu (120 000 kilomètres parcourus et vingt-huit ans d'absence) où certaines haltes, plus prolongées que d'autres, permettent de découper, un peu artificiellement, une série de voyages. Le premier, comme pour nombre de musulmans, a pour but La Mecque par l'Afrique du Nord, l'Égypte, le Haut-Nil et la Syrie ; Ibn Baṭṭūṭa y arrive en 1326. Deux mois après, quittant l'Arabie, Ibn Baṭṭūṭa se rend en Irak, puis dans l'Iran méridional, central et septentrional, revient en Irak, à Bagdad, court à Mossoul, repasse par Bagdad et se retrouve en Arabie, où il mettra à profit un séjour de trois ans (1327-1330) pour accomplir, chacune de ces trois années, le pèlerinage à La Mecque. Il part ensuite pour la mer Rouge, le Yémen, la côte africaine, Mogadiscio et les comptoirs d'Afrique orientale, revient par le ‘Umān et le golfe Persique et accomplit un nouveau pèlerinage à La Mecque en 1332. Quatrième voyage : cette fois, ce sont l'Égypte, la Syrie, l'Asie Mineure, les territoires mongols de la Horde d'or en Russie du Sud, la visite de Constantinople, le retour à la Horde d'or, la Transoxiane et l'Afghanistan, d'où Ibn Baṭṭūṭa gagne la vallée de l'Indus en 1333 et séjourne à Delhi jusqu'en 1342.

De là, Ibn Baṭṭūṭa gagne les îles Maldives, où il demeure un an et demi : ce sera son cinquième voyage. Un saut jusqu'à Ceylan, le retour aux Maldives, puis le Bengale, l'Assam, Sumatra, la Chine : Zhuanshufu. Septième voyage : retour, par Sumatra et Malabar (1347), jusqu'au golfe Persique, puis Bagdad, la Syrie, l'Égypte et nouveau pèlerinage en Arabie. De retour en Égypte, à Alexandrie, Ibn Baṭṭūṭa s'embarque pour Tunis (1349), d'où il gagne la Sardaigne sur un bateau catalan ; il rentre par l'Algérie, Fès, le royaume de Grenade et, de nouveau, le Maroc, le pays natal. Un neuvième et dernier voyage : en 1352, le Sahara, les pays du Niger.

Cette fois, c'est bien la fin. Installé au Maroc, Ibn Baṭṭūṭa dicte à un lettré, Ibn Djuzayy, sur l'ordre du souverain mérinide, Abū ‘Inān, sa Rila : ce sera chose faite en 1356, sous le titre de « Cadeau précieux pour ceux qui considèrent les choses étranges des grandes villes et les merveilles des voyages » (Tufat al-nuẓẓargharā'ib al amārwa-‘adjā'ib al-asfār). Après quoi, le souvenir d'Ibn Baṭṭūṭa se perd ; on ne sait ce qu'il a fait jusqu'à sa mort, en 1368 ou même, car la date est peu sûre, en 1377. Dans le voyage, Ibn Baṭṭūṭa a coulé sa vie professionnelle et familiale, se mariant ici, exerçant ailleurs les fonctions de juge très écouté. Au reste le voyage n'a guère eu de prise sur cette personnalité, qu'on lit identique à elle-même tout au long du livre, sans qualité ni défaut majeurs et, surtout, qui promène, au milieu de tant de sociétés différentes, un islam impavide et sûr de soi.

Il sera facile de relever, entre les deux maîtres du genre que sont Ibn Djubayr et Ibn Baṭṭūṭa, les ressemblances qui tiennent à la forme et à l'esprit de la Rila, laquelle traite,[...]

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