INNSBRUCK (JEUX OLYMPIQUES D') [1976] Contexte, organisation, bilan
Quatre villes se sont portées candidates pour organiser les XIIes jeux Olympiques d'hiver en 1976 : Denver (États-Unis), Sion (Suisse), Tampere (Finlande) et Vancouver (Canada). Le 12 mai 1970, le C.I.O., réuni pour sa soixante-neuvième session à Amsterdam, semble avoir du mal à se décider : trois tours de scrutin sont nécessaires ; Denver se voit finalement élue, avec trente-neuf voix, Sion en recueillant trente.
Mais l'organisation des Jeux d'hiver est loin de faire l'unanimité au sein de la population du Colorado : certains contribuables craignent que les impôts augmentent pour participer au financement des Jeux ; les écologistes protestent, car ils estiment que la construction d'installations sportives défigurera les sites naturels et aura des conséquences environnementales graves pour toute la région. Les décisions tardent, les chantiers ne démarrent pas, le C.I.O. s'inquiète : réuni en session du 31 janvier au 2 février 1972 à Sapporo, à la veille de l'ouverture des XIes jeux Olympiques d'hiver, il alerte les responsables et demande des garanties. Une réunion est programmée pour la fin du mois de mars ; dès le 3 mars, John Love, gouverneur de l'État du Colorado, défend son projet, fortement amendé (déplacement des sites prévus de certaines compétitions, réductions des ambitions, etc.), devant les élus du Colorado pour demander leur soutien ; or celui-ci s'avère bien timide... Assez rapidement, il apparaît que les habitants du Colorado demeurent hostiles aux Jeux. En novembre 1972, un référendum est organisé pour demander à la population de voter une subvention de 5 millions de dollars afin d'assurer le financement des Jeux : le résultat est sans équivoque, le non l'emporte avec près de 60 p. 100 des voix. Denver renonce aux Jeux...
Le C.I.O. doit donc trouver en urgence une autre solution. Lake Placid, Tampere et le Mont-Blanc font part de leur volonté, mais il ne reste que trois ans pour tout mettre en œuvre. Innsbruck, qui a parfaitement organisé les Jeux en 1964, est donc dotée de toutes les infrastructures nécessaires. Le C.I.O., soucieux de ne pas connaître un nouveau contretemps, désigne la cité tyrolienne.
Certes, les infrastructures existent, mais toutes ne sont plus adaptées et des travaux s'avèrent indispensables. Une nouvelle piste de bobsleigh et de luge de 1 270 mètres est édifiée à Igls : pour la première fois, les épreuves de ces deux disciplines se déroulent donc sur la même piste (dont la longueur est réduite à 870 mètres pour la luge) ; les tremplins de saut à skis du Bergisel et de Seefeld sont rénovés, tout comme le stade de glace, alors qu'un nouvel anneau de 400 mètres est construit pour les compétitions de patinage de vitesse. L'État investit 200 millions de shillings pour ces travaux.
Un nouveau village olympique (trente-cinq maisons et appartements) est implanté au sud de celui de 1964. Tout comme en 1964, les compétitions de ski nordique et de biathlon se déroulent à Seefeld, les épreuves alpines dans la station d'Axamer-Lizum, à l'exception des descentes, qui se tiennent à Igls, sur la piste du Patscherkofel, élargie et redessinée par Hubert Spiess. Au final, les dépenses totales se montent à 391 millions de shillings, les recettes à 342,5 millions de shillings. Les Jeux laissent donc un léger déficit (48,5 millions de shillings, soit 20 millions de francs de l'époque). Pour les recettes, l'essentiel vient des droits de retransmission télévisée, qui se montent à 142 millions de shillings (environ 58 millions de francs de l'époque), 86 p. 100 de cette somme étant réglés par la chaîne A.B.C., qui retransmet en exclusivité les compétitions aux États-Unis. En outre, les Jeux connaissent un réel engouement populaire : un million trois cent mille personnes assistent aux différentes épreuves, laissant 82 millions de shillings aux guichets.[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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