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PIGEAT JEAN-PAUL (1946-2005)

Né le 3 avril 1946 à Montluçon, Jean-Paul Pigeat, après des études de droit et de commerce, devient journaliste. En 1970, il publie avec Catherine Dreyfus Les Maladies de l'environnement, la France en saccage (éd. E.P.), l'un des premiers livres consacrés à la pollution, à la crise de l'architecture urbaine et aux problèmes que posent déprise rurale et gestion du patrimoine historique. L'ouvrage contribue à sensibiliser un très large public, tout en jetant les bases de la réflexion future de son auteur.

La même année, Jean-Paul Pigeat entre à l'O.R.T.F. De chef de cabinet de Pierre Schaeffer, lui-même directeur du Service de la recherche, il devient directeur des programmes, produisant des films documentaires, notamment sur la ville, avec Éric Rohmer (1975). En 1974, il rejoint l'équipe de préfiguration du Centre Georges-Pompidou, élaborant la programmation de la galerie d'Actualité du Centre de création industrielle. De 1976 à 1983, il conduira parallèlement une expérience d'animation culturelle dans les Pyrénées-Orientales. Jusqu'en 1990, Jean-Paul Pigeat est commissaire d'une trentaine d'expositions pour le Centre, telles qu'Errants, nomades, voyageurs (1980) ou Mobilier national : vingt ans de création (1984), certaines montrant son intérêt constant pour les problèmes environnementaux, comme Le Fil de l'eau (1980-1981) ou Déchets : l'art d'accommoder les restes (1984-1985). Soucieux d'innovations muséographiques, il privilégie dans ses projets moyens audiovisuels, interactivité ou techniques du spectacle.

En 1990, une exposition sur le renouveau des jardins, annulée pour des raisons budgétaires, se transforme en un livre : Parcs et jardins contemporains. Remarqué par Jack Lang dès 1988, Jean-Paul Pigeat est chargé par le ministre de la Culture de mettre en place une politique de création de jardins contemporains – il organise ainsi la consultation internationale destinée à la rénovation des jardins des Tuileries (par Louis Benech et Pascal Cribier) et du Palais-Royal (par Mark Rudkin). Dès lors, auprès des politiques comme du grand public, les jardins, mieux appréciés, retrouvent leurs lettres de noblesse, et deviennent des lieux de visite. Dans l'élan donné, des paysagistes de renom comme Gilles Clément (auquel Jean-Paul Pigeat consacre un ouvrage en 1991, comme à Jacques Wirtz), Arnaud Maurière et Éric Ossart, des botanistes comme Patrick Blanc, côtoient plasticiens et urbanistes.

De ce foisonnement d'idées et de sensibilités naît le désir de montrer des créations contemporaines autour du jardin. En 1992, à l'initiative de la région Centre et de son président, Jack Lang, Jean-Paul Pigeat met sur pied dans le parc du château de Chaumont-sur-Loire le premier Festival international des jardins. Chaque année, des paysagistes du monde entier (ainsi que, très vite, des artistes de tous horizons) sont invités, sur un thème donné, à « penser » le jardin et à faire aboutir, sur de petites surfaces, leurs réalisations expérimentales. Plus ou moins éphémères, ces projets offrent une vitrine à de jeunes créateurs, mais surtout, permettent de faire découvrir les grandes tendances de la création paysagère mondiale. Les sujets abordés, de l'érotisme (2002) à la mémoire des jardins (2005), en passant par les potagers (1999) ou le chaos (2004), permettent une multiplicité de regards, et de lectures pour quelque 150 000 visiteurs par an. Doté d'un enthousiasme communicatif, l'inventeur du festival sait fédérer, autour de cette réussite méritée, d'excellents professionnels.

Jean-Paul Pigeat encourage également la naissance, sur le site de Chaumont, du Conservatoire international des parcs et jardins et du paysage (C.I.P.J.P.). Outre l'organisation de projets divers (tel un Jardin de la paix à Nazareth et Bethléem[...]

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