ROTHÉ JEAN-PIERRE (1906-1991)
Le nom de Jean-Pierre Rothé restera avant tout attaché à la sismologie. Son père, Edmond Rothé, professeur à la faculté des sciences de Nancy, appartenait à une famille de souche alsacienne qui avait opté pour la France en 1870. Jean-Pierre Rothé naît le 16 novembre 1906 à Nancy ; après des années de lycée brillantes, il s'inscrit à la faculté des sciences de Strasbourg, puis termine ses études supérieures à Paris, où il soutient, en 1937, une thèse de doctorat ès sciences sur les anomalies du champ magnétique terrestre.
Nommé en 1928 assistant à la faculté des sciences de Strasbourg, il participe, dans le cadre de la deuxième Année polaire internationale (1932-1933), à une expédition scientifique au Groenland, où il étudie le géomagnétisme, les courants telluriques et la géologie. C'est à Jean-Pierre Rothé, Alexandre Dauvillier et Paul Tchernia que l'on doit le premier hivernage français dans l'Arctique.
Mais il s'oriente rapidement vers les recherches sismologiques. En 1942, il est chargé, à titre intérimaire, des fonctions de secrétaire général de l'Association internationale de séismologie (A.I.S.) et de directeur du Bureau central international de séismologie (B.C.I.S.). Nommé en 1945 professeur à la faculté des sciences de Strasbourg et directeur de l'institut de physique du globe de cette même université, il est confirmé en 1948 dans ses fonctions à l'A.I.S. et au B.C.I.S. Avec Robert Stoneley, alors président de l'A.I.S., il réorganise cette association, qui devient en 1951 l'Association internationale de sismologie et de physique de l'intérieur de la Terre (A.I.S.P.I.T.). Au cours de cette période, il assume la direction du Bureau central sismologique français (B.C.S.F.).
Comme secrétaire général de l'A.I.S.P.I.T. et directeur du B.C.I.S. pendant plus de trente ans, jusqu'en 1975, Jean-Pierre Rothé a constitué une imposante documentation sismologique largement utilisée par la communauté scientifique internationale.
Comme directeur du B.C.S.F., il a rassemblé de façon systématique les données relatives aux séismes survenus en France. Il s'est toujours efforcé d'établir des liens entre la sismicité et l'existence d'accidents tectoniques locaux. Il est ainsi à l'origine des études sur la sismicité des sites de la plupart des centrales nucléaires françaises. Ses travaux ont servi de base à la détermination des régions françaises concernées par l'application des règles de construction parasismiques, dites règles PS 69.
Les données sismologiques systématiquement recueillies et minutieusement analysées ont permis à Jean-Pierre Rothé, avant même l'avènement de la tectonique des plaques, de démontrer l'excellente coïncidence des épicentres de tremblements de terre sous-marins avec l'axe médian des dorsales océaniques. Il établit ainsi, dès 1954, la continuité de la dorsale sud-atlantique et de celle du Sud-Ouest indien. La même année, il envisage, pour un séisme du sud de l'Espagne, la possibilité d'un foyer situé à grande profondeur (600 km), résultat qui jusqu'alors caractérisait essentiellement les séismes du pourtour du Pacifique.
En 1966, à la demande de l'U.N.E.S.C.O., il mène à bien, sans support informatique, la compilation critique de la sismicité du globe et de la sismotectonique pour la période allant de 1953 à 1965.
Entre 1960 et 1980, Jean-Pierre Rothé s'intéresse à la sismicité induite par l'activité humaine, qu'il qualifie de sismicité artificielle. Cette sismicité est liée, pour une large part, à l'exploitation des mines souterraines, au remplissage de retenues hydrauliques ou à l'injection de fluides dans le sous-sol.
Les phénomènes sismiques affectant les bassins houillers de Lorraine ou de Provence sont souvent identifiés par Jean-Pierre[...]
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Écrit par
- Pho HOANG TRONG : physicien, secrétaire du Bureau central sismologique français
- Roland SCHLICH : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur de l'Institut de physique du globe de Strasbourg, directeur de l'École et Observatoire de physique du globe, directeur du Bureau central sismologique français
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